Des femmes actives en Amazonie, comme l'Américaine, Sœur Jane Dwyer, qui œuvre à Anapu, en Amazonie | © Jean-Claude Gérez
Vatican

Synode pour l’Amazonie: vive la «sensibilité féminine»

Comme les femmes jouent un rôle essentiel dans la vie de l’Eglise en Amazonie, il faut leur permettre une participation «authentique» dans la prise de décision, ont plaidé des participants au synode sur l’Amazonie le 23 octobre 2019.  

La présence majoritaire de la femme dans l’Eglise catholique «ne fait de doute à personne», a affirmé Mgr Ricardo Ernesto Centellas Guzmán, évêque de Potosí, en Bolivie. Il manque toutefois une participation authentique et équitable des femmes dans la vie ecclésiale, notamment aux niveaux décisionnels. Pour le moment, a-t-il déploré, elles doivent bien souvent se contenter d’une certaine invisibilité à ces niveaux.

Changer les mentalités

La place accordée aux femmes n’est pourtant qu’une «question de mentalité», a expliqué le Bolivien. C’est pourquoi il faut en premier lieu un changement d’état d’esprit. Mais aussi comprendre que la «sensibilité féminine» apporte une forte capacité d’agir à l’Eglise, a pour sa part estimé le Père Zenildo Lima Da Silva, recteur du séminaire São José de Manaus et vice-président de l’organisation des séminaires du Brésil.

Rendre visible la violence faite aux femmes

Dans un second temps, des changements structurels et organisationnels seront nécessaires, a souligné Mgr Centellas Guzmán. Cela commence selon lui par de «petites choses» à l’échelle des paroisses, où les femmes devraient être davantage impliquées dans les processus décisionnels. Ainsi, le conseil paroissial où les femmes sont nombreuses pourrait ne plus se limiter à pouvoir consultatif, a ajouté Mgr Alfredo Vizcarra, vicaire apostolique de Jaén, au Pérou, mais avoir un pouvoir délibératif.

Par ailleurs, les femmes sont particulièrement sujettes à l’exploitation et à la traite humaine, a de son côté alerté Sœur Roselei Bertoldo, religieuse du Cœur immaculé de Marie et engagée dans la lutte contre le trafic humain au Brésil. Cette «grande plaie» devrait être rendue visible, notamment par les femmes elles-mêmes qui devraient pouvoir le dénoncer, a-t-elle appelé de ses vœux. Il faudrait donc opérer un travail de sensibilisation, mais aussi d’évangélisation, «à partir de la violation du corps des femmes».

Dialoguer avec le monde moderne

De son côté, le Père Lima Da Silva est revenu sur l’importance de la «synodalité» dans le cadre de la formation des séminaristes. «On ne peut plus penser la formation presbytérale sans synodalité», a-t-il affirmé. Leur formation doit permettre aux futurs prêtres de dialoguer avec le «monde moderne» parfois si différent de leurs idées, mais dans lequel ils sont cependant appelés à évoluer. Au cours de ce synode, s’est-il réjoui, il y a eu de bonnes intuitions qu’il s’agit désormais de transformer concrètement.

Le «cri du cœur» des évêques amazoniens

Membre du Conseil des cardinaux et archevêque de Bombay, en Inde, le cardinal Oswald Gracias a estimé que les problèmes abordés au cours du synode étaient universels et leurs impacts sont eux aussi universels. D’autant plus, a-t-il spécifié, que le phénomène de destruction de la forêt et de ses ressources se retrouve dans d’autres zones du monde, y compris dans son pays.

Par ailleurs, le prélat indien s’est dit frappé par la volonté des autochtones amazoniens de protéger leurs cultures, d’autant plus que ceux-ci sont selon lui victimes d’une violation systématique de leurs droits. Il s’est ainsi dit «vraiment touché» par le cri du cœur des évêques amazoniens en faveur de ces populations. «Ce sont de grands responsables», a-t-il salué. (cath.ch/imedia/pad/xln/be)

Des femmes actives en Amazonie, comme l'Américaine, Sœur Jane Dwyer, qui œuvre à Anapu, en Amazonie | © Jean-Claude Gérez
23 octobre 2019 | 17:17
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 2  min.
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