Le Vatican nie tout risque de défaut de paiement. | © Flickr/Jim McIntosh/CC BY 2.0.
Vatican

Interrogations sur la santé économique du Vatican

«Il n’y a aucun [risque] de krach ou de défaut» de paiement au Vatican, a assuré Mgr Nunzio Galantino, président de l’Administration du patrimoine apostolique (APSA), dans un entretien au quotidien catholique Avvenire le 22 octobre 2019. Il réagissait à la parution d’un livre affirmant que le petit Etat risquerait le défaut de paiement d’ici 2023.

Déjà au cœur des scandales Vatileaks et Vatileaks 2 par la publication de documents confidentiels du Saint-Siège, le journaliste italien Gianluigi Nuzzi a publié le 21 octobre un nouvel ouvrage – intitulé Giudizio universale – et là encore, basé sur nombreux documents confidentiels. Il met notamment en avant une situation économique catastrophique du Vatican, affirmant que le petit Etat risquerait le défaut de paiement d’ici quatre ans si rien n’était entrepris.

«[Ce] ton à scandale (…) convient bien au lancement d’un livre, beaucoup moins pour décrire une réalité complexe et articulée comme l’Eglise», a commenté Mgr Galantino auprès du quotidien des évêques italiens. Au Vatican, a-t-il insisté, «il n’y a aucun [risque] de krach ou de défaut» de paiement.

Tout juste le prélat a-t-il reconnu «l’exigence d’un examen des dépenses» pour contenir les coûts de personnel et de matériel. A ce sujet, existe déjà un travail mené avec grand soin et attention. «Ainsi, aucun alarmisme sur un hypothétique défaut», a-t-il résumé, mais plutôt une réalité qui se rend compte qu’elle doit contenir les dépenses.

Coordinateur du Conseil des cardinaux (C6, ex-C9), le cardinal Oscar Maradiaga a tenu auprès de La Repubblica des termes très similaires à ceux du président de l’APSA. «Dire que le Vatican est en risque de défaut est faux», a-t-il clairement déclaré. Pour lui, ces accusations relèvent d’une «stratégie précise de discréditation».

Le Denier de Saint-Pierre

Dans son ouvrage, Gianluigi Nuzzi affirme également – comme dans ses précédents ouvrages – que seul un faible pourcentage des fonds recueillis par le Denier de Saint-Pierre servirait vraiment à financer les œuvres de charité du pontife. «C’est une reconstruction dont je n’ai aucune confirmation», a considéré le cardinal Maradiaga.

Tant le haut prélat hondurien que Mgr Galantino ont toutefois reconnu à mi-mot que le Denier de Saint-Pierre pouvait aussi servir au financement du Saint-Siège qui comprend notamment la Curie romaine, mais aussi les nonciatures apostoliques à travers le monde. Le Vatican l’avait déjà implicitement reconnu en 2015 lors des premières accusations en ce sens de Gianluigi Nuzzi, d’autant qu’il est ouvertement affirmé que le Denier de Saint-Pierre peut servir au «soutien des activités du Saint-Siège».

Malgré ces démentis, Giudizio universale révèle des informations importantes. Par exemple, il affirme que la collecte du Denier de Saint-Pierre – dont les montants sont désormais tus après plusieurs années de publication – s’est largement effondrée à travers le monde. Il en révèle aussi la répartition à travers le monde, avec notamment une contribution de la France à 12,19% en 2014, deuxième derrière les Etats-Unis.

Le journaliste italien met également en cause le bureau administratif de la Secrétairerie d’Etat – notamment chargé du Denier de Saint-Pierre – comme étant particulièrement rétif à toute transparence et impliqué dans les utilisations hasardeuses de ces fonds.

En juillet dernier, le pape François avait déplacé son responsable depuis 2009 au Tribunal de la Signature apostolique. Le livre de Gianluigi Nuzzi apporte ainsi un éclairage aux mouvements importants de personnel au sein de la Secrétairerie d’Etat survenu depuis près d’un an. (cath.ch/imedia/xln/bh)

Le Vatican nie tout risque de défaut de paiement. | © Flickr/Jim McIntosh/CC BY 2.0.
22 octobre 2019 | 13:28
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 2  min.
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