Des milliers de personnes ont fui le Burundi | ©  Keystone)
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Burundi: Les évêques inquiets de l’intolérance politique dans le pays

Dans une déclaration lue dans les paroisses du pays des Grands Lacs, la Conférence épiscopale du Burundi (CEB) a exprimé le 22 septembre 2019 sa vive colère face au pouvoir. Elle s’inquiète des violences et des assassinats ainsi que de l’intolérance politique qui prévaut dans le pays.

Le Burundi, en Afrique orientale, traverse une crise politique depuis avril 2015, suite à la décision du président Pierre Nkurunziza, de briguer un troisième mandat, après avoir bouclé deux mandats successifs de cinq ans, conformément à la Constitution. Celle-ci interdisait alors à tout président, un troisième mandat. Pour contourner cet obstacle, Nkurunziza a modifié la loi fondamentale, dans le sens de pouvoir rester au pouvoir indéfiniment.

Adversaires et critiques éliminés

Des adversaires politiques, des responsables de la société civile et des médias qui s’opposaient à son forcing ont été tués ou forcés à l’exil ou encore arrêtés. Dans ce dernier cas, Germain Rukuki, membre de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), a été arrêté et condamné à 32 ans de prison, en avril 2018 pour «rébellion,  atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, participation à un mouvement insurrectionnel, et attaques contre le chef de l’Etat.

Un autre activiste, Nestor Nibitanga, observateur au sein de l’Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH), a été condamné, à cinq ans pour «atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat». Le gouvernement avait fait fermer les bureaux de l’ACAT et l’APRODH en octobre 2016, de même que plusieurs autres organisations de défense des droits humains.

Appels récurrents à la haine et à la violence

Une commission d’enquête internationale, mandatée par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, a rapporté en septembre 2018, que «des violations graves, y compris des crimes contre l’humanité», avaient continué à être commises au Burundi en 2017 et 2018, selon l’ONG Human Rights Watch. Le document a fait état de nouveaux cas d’exécutions sommaires, de disparitions forcées, d’arrestations et de placements en détention arbitraires, de violences sexuelles, d’actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants.

«Un climat général d’impunité»

Pour les rédacteurs du rapport, les auteurs de ces crimes: entre autres, le Service national de renseignement (SNR), la police opèrent dans «un climat général d’impunité favorisé par l’absence d’indépendance de la justice».  Ils ont incriminé le président Nkurunziza, directement en dénonçant «des appels récurrents à la haine et à la violence».

Les évêques de la CEB «ne sauraient passer sous silence certaines questions préoccupantes et inquiétantes pour  les citoyens». Dans de nombreuses régions, on observe «un mauvais esprit» visant à étouffer et à violenter certains partis politiques, à persécuter leurs membres, alors que le multipartisme est reconnu au Burundi, comme le stipule l’article 75 de la Constitution.

40’000 réfugiés à l’extérieur du pays

Ils notent aussi des actes criminels allant jusqu’aux meurtres, fondés sur des mobiles politiques. Dans la plupart des cas, ces actes criminels sont perpétrés contre ceux qui ont des opinions différentes de celles du Gouvernement, et dans beaucoup de cas, la justice ne se presse pas pour montrer qu’elle est en train de punir les coupables conformément à la loi, a indiquent les évêques burundais dans leur déclaration.

La CEB déplore encore la confusion entre le parti au pouvoir et l’administration, tout en s’inquiétant, à l’approche des élections de 2020, du sort des quelque 40’000 réfugiés du pays ayant fui à l’étranger. Ils souhaitent que d’ici là, «tous les réfugiés soient déjà rentrés et d’une manière volontaire, sans contrainte». (cath.ch/ibc/be)

Des milliers de personnes ont fui le Burundi | © Keystone)
25 septembre 2019 | 17:09
par Ibrahima Cisse
Temps de lecture : env. 2  min.
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