Polémique autour de la sortie d'Eglise de Magdalena Martullo-Blocher
Par Babara Ludwig et Ueli Abt, kath.ch/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden
La conseillère nationale UDC des Grisons et chef d’entreprise Magdalena Martullo-Blocher est sortie de l’Eglise évangélique réformée à cause des impôts ecclésiastiques. kath.ch a demandé à d’autres membres du Conseil national ce qu’ils pensaient de cette décision.
«Je payais de plus en plus» d’impôts à la paroisse, a expliqué la fille de l’ancien conseiller fédéral Christoph Blocher au journal Sonntagsblick du 22 septembre 2019. Magdalena Martullo-Blocher a ajouté qu’elle n’était pas non plus satisfaite de la façon dont la paroisse était dirigée.
Décision égoïste ou affaire personnelle? Les députés de divers partis ont exprimés des opinions diverses sur la sortie d’Eglise de la chef d’entreprise, elle-même petite-fille de pasteur.
«L’expression d’un manque de solidarité»
«Je trouve cette décision très discutable», déclare Marianne Streiff, présidente du Parti évangélique suisse (PEV). Elle déplore que beaucoup de gens ne réalisent pas tout ce que font les Eglises pour la société, notamment dans le domaine social. La conseillère nationale bernoise est elle aussi membre de l’Église évangélique réformée. Quitter l’Eglise est pour elle l’expression d’un manque de solidarité, surtout si la personne partante est particulièrement fortunée.
Marianne Streiff conseillerait à Magdalena Martullo-Blocher de réaliser, à moins qu’elle ne l’ait déjà fait, un don du même montant que ses impôts à des organisations d’utilité publique, afin de montrer de façon claire qu’elle a d’autres intérêts que son argent.
«Une décision personnelle»
Balthasar Glättli, président du groupe des Verts, considère que la décision de Magdalena Martullo-Blocher est d’ordre «résolument personnel». Le conseiller national zurichois se dit toutefois quelque peu «perturbé» par le fait que la femme d’affaires ait justifié son départ par l’impôt ecclésiastique.
Le député Vert a lui aussi quitté, en 2011, l’Eglise réformée zurichoise. Mais il est parti pour des raisons idéologiques. Principalement parce que la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) a pris en charge, cette année-là, le contrôle des expulsions forcées de demandeurs d’asile. Balthasar Glättli n’a pas pu accepter cette décision pour des raisons éthiques. Depuis qu’il a quitté l’Eglise et cessé de payer les impôts, le politicien a cependant versé plus d’argent à des projets sociaux spécifiques.
Les Eglises pour combattre l’islamisme?
Albert Rösti, président de l’Union démocratique du centre (UDC) et conseiller national (BE), ne désire pas commenter la sortie d’Eglise de Magdalena Martullo-Blocher. Il est lui-même membre de la paroisse protestante d’Uetendorf-Thierachern (BE). Albert Rösti dit tout de même attendre de l’Eglise qu’elle répande et cultive les valeurs chrétiennes en tant que «fondements de la société occidentale». Surtout à une époque où «les valeurs de l’islamisme, complètement différentes et intolérantes» menacent de s’étendre. Pour cette raison, le conseiller national conservateur paie volontiers des impôts ecclésiastiques.
La contribution des Eglises à la société
Kathy Riklin, conseillère nationale du Parti démocrate chrétien (PDC), qualifie la décision d’»absolument erronée». Selon elle, Magdalena Martullo-Blocher n’a pensé qu’à elle-même. «Car les Eglises ne peuvent fonctionner que si chacun leur apporte sa contribution financière», explique Kathy Riklin. Elle souligne que les Eglises de sa région ont soutenu de nombreux projets caritatifs. «Elles aident les personnes démunies, seules, âgées ou handicapées», rappelle-t-elle.
La PDC zurichoise est membre de l’Église catholique romaine. Elle paie des impôts à son Eglise parce que celle-ci fait un «travail holistique». «Et la population du canton de Zurich le sait», relève Kathy Riklin. Elle fait référence au refus, il y a quelques années, de la population du canton de supprimer les impôts ecclésiastiques pour les entreprises. (cath.ch/kath/bl/ua/rz)