Tanzanie: Les Sœurs de Notre-Dame se mobilisent contre le trafic d'enfants
La traite des personnes est un commerce lucratif en Tanzanie, où des milliers d’enfants sont réduits en esclavage après avoir été la proie de trafiquants qui les attirent ou promettent à leur famille «une vie meilleure». Dans le nord de la Tanzanie, les Sœurs de Notre-Dame se mobilisent contre ce trafic, une pratique courante dans cette partie du pays.
Selon le rapport 2019 du Bureau de surveillance et de lutte contre la traite des personnes du Département d’Etat américain, les enfants pauvres de l’intérieur du pays sont les plus exposés à cette traite. On ignore leur nombre exact, car ce trafic est pratiqué la plupart du temps de façon clandestine. De plus, les victimes craignent souvent des représailles.
Population très vulnérable
Les statistiques disponibles les plus récentes datent de 2014, et font état de 131’741 enfants travaillant comme domestiques en Tanzanie, une population très vulnérable. L’engagement de la congrégation des Sœurs de Notre-Dame a lieu dans le cadre de son programme visant à mettre fin à la traite des êtres humains, indique le journal en ligne »Global Sisters Report» (GSR), un projet de l’éditeur du journal américain National Catholic Reporter.
Le programme de lutte contre la traite en Tanzanie mené par la congrégation des Sœurs de Notre-Dame fait partie du réseau international de religieux contre la traite des êtres humains Talitha Kum, qui fête cette année son 10e anniversaire. A cette occasion, il mène une action intitulée »Nuns Healing Hearts», la campagne qui «guérit les cœurs», lancée en mai 2019 par le pape François lui-même. Dans ce réseau, plus de 2’000 sœurs dans 77 pays se consacrent avec passion et engagement à briser les nombreuses chaînes de l’esclavage.
Briser les chaînes de l’esclavage
Dans leurs activités de lutte, les sœurs sensibilisent et aident les victimes, dont certaines ont subi des violences physiques et des mauvais traitements, des mutilations rituelles, des parties de leurs corps ayant été prélevées pour être vendues. D’autres aussi ont été tués.
Stanley Joakim, une victime de 17 ans, raconte son épreuve terrifiante en mai 2019, lorsqu’il fut torturé par des inconnus qui l’avaient kidnappé devant la porte de son école. «Ils m’ont battu pendant trois jours, sans me donner d’eau ni de nourriture. Ils m’ont dit de leur donner de l’argent ou alors ils allaient me sacrifier…»
L’éducation est la solution
Pour Sœur Magdalene Musila, l’une des religieuses engagées dans la campagne, la traite des êtres humains est courante dans les zones rurales tanzaniennes, du fait de la pauvreté extrême, de l’accès limité ou inexistant à l’éducation, et du peu d’opportunités d’emploi pour les jeunes. De ce fait, lorsque les familles ont la possibilité d’envoyer un de leurs membres dans des villes ou à l’étranger avec la promesse d’un avenir meilleur, elles sont assez facilement influencées.
Enseignante à l’école secondaire Notre-Dame d’Arusha, seconde ville du pays, elle ajoute que c’est aussi la responsabilité de l’Eglise de lutter contre la violation et la dégradation de la personne humaine. Elle estime qu’il est possible d’éliminer le trafic d’êtres humains par l’éducation des personnes les plus vulnérables.
Sœur Magdalene Musila se rend maintenant dans les écoles et dans les communautés rurales pour travailler avec les anciens du village, les groupes de femmes et les groupes de jeunes. Elle les informe sur les expériences de traite des êtres humains et les sensibilise aux dangers. Elle encourage également le public à surveiller les quartiers et à signaler aux autorités tout acte de traite humaine. (cath.ch/ibc/be)