Conflits armés: le Saint-Siège plaide pour la protection des enfants
Mgr Bernadito Auza, l’observateur permanent du Saint-Siège à New-York, a rappelé, le 3 août 2019, le devoir d’accorder protection aux enfants pris au piège des violences. Les représentantes de l’ONU pour l’enfance, et de l’UNICEF demeurent pessimistes alors que les statistiques sont alarmantes.
Mgr Auza s’exprimait à l’occasion d’un débat ouvert sur «les enfants et les conflits armés» au Conseil de sécurité des Nations unies. 2019 est l’année de plusieurs anniversaires symboliques pour la protection de l’enfance: la Convention sur les droits de l’enfant fête ses 30 ans d’existence. Le Conseil de sécurité adoptait, il y a 20 ans, sa première résolution sur les enfants et les conflits armés.
La juxtaposition du thème des «enfants» et de celui des «conflits armés« dénote une profonde incongruité, affirme Mgr Auza, et pourtant, l’actualité nous le rappelle presque chaque jour avec cruauté: les nombreux conflits qui parsèment le monde et les graves violations qui en sont le corollaire, touchent en première ligne les enfants, garçons et filles.
«Enfants invisibles»
Ce type de débat doit contribuer à réveiller la conscience de la communauté internationale, afin que ces «enfants invisibles« ne soient pas oubliés, pour que les efforts en vue de réintégrer les enfants-soldats ou ceux victimes de graves violations, soient renforcés.
Et les exemples sont multiples: qu’il s’agisse du travail des tout-petits dans des mines en Afrique, de l’enrôlement de jeunes adolescents comme enfants-soldats, ou de l’impact néfaste d’idéologies extrémistes sur des esprits non formés. Souvent, ces situations impliquent un abandon ou une absence d’éducation ou d’instruction.
Face à un contexte socio-économique précaire et à un manque de perspectives, il arrive que les enfants et jeunes mineurs entrevoient le conflit armé comme une alternative. Pour combattre le mal à ses racines, il est plus que jamais besoin d’une éducation à la paix dans les familles et les écoles, observe le diplomate, pointant le «rôle crucial des femmes» comme «enseignantes de paix».
Le nonce apostolique évoque également les destructions parfois systématiques de structures nécessaires à la santé et au bien-être des enfants et des populations, -tels que les dispensaires, écoles, et abris- lors des conflits. «Ces attaques indiscriminées et disproportionnées contreviennent au droit international ainsi qu’au droit humanitaire, et doivent cesser», assène Mgr Auza. Il cite à cet égard le récent appel lancé par le pape François à propos des enfants pris au piège des bombardements dans la province d’Idleb, au nord-ouest de la Syrie.
Le Saint-Siège prend note de l’évolution des forces de maintien de la paix, visant à protéger les enfants, à informer plus largement les populations et à créer une culture de paix. Il relève aussi les nouvelles initiatives de plusieurs Etats membres de l’ONU cherchant à prévenir les violations commises sur des enfants durant les conflits.
Malgré tout, en cette année charnière, «Nous ne sommes pas encore arrivé à un stade où nous pouvons être confiants que la situation s’améliore d’année en année», a de son côté déploré Virginia Gamba, la Représentante spéciale de l’ONU pour les enfants et les conflits armés.
Même constat de la part d’Henrietta Fore, la directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF): «Les faits nous montrent qu’il nous reste encore beaucoup à faire pour mettre fin aux graves violations commises contre les enfants dans les conflits armés».
L’envoyée de l’ONU et la cheffe de l’UNICEF ont déploré le nombre trop important d’enfants tués et mutilés par les mines, engins explosifs improvisés, et les munitions non explosées ainsi que les graves handicaps qu’ils causent pour les survivants sur le long terme. Henrietta Fore a indiqué que l’UNICEF accorde une plus grande attention aux besoins des enfants souffrant d’un handicap dans une situation de conflit.
Virginia Gamba et Henrietta Fore ont exprimé leur vive préoccupation concernant la situation des enfants associés à des groupes et forces armées. Ces enfants, une fois qu’ils quittent ces groupes, devraient recevoir des soins urgents, une protection et une aide humanitaire après les expériences douloureuses qu’ils ont endurées souvent pendant des années. «Au lieu de cela, ils sont ostracisés, rejetés et enfermés», a déploré la directrice exécutive de l’UNICEF.
24’000 violations des droits de l’enfant en 2018
Le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU, publié le 30 juillet 2019 a révélé que plus de 24’000 violations des droits de l’enfant ont été constatées en 2018 dans les 20 situations de conflit que suivent les Nations Unies. En 2019, plus de 12’000 enfants ont été tués ou mutilés.
En 2018, l’UNICEF a pu offrir une éducation d’urgence à 6,9 millions d’enfants et d’adolescents piégés dans des crises humanitaires. L’agence onusienne fournit également un soutien psychosocial à ces enfants «confrontés à un stress toxique» afin qu’ils puissent «retrouver l’enfance à laquelle ils ont droit».
«Protéger la vie et l’avenir des enfants touchés par les conflits armés est essentielle», a souligné la cheffe de l’UNICEF. «Ils sont les adultes et les leaders de demain». (cath.ch/vatnews/onu/bh)