Le cardinal péruvien Pedro Barreto défend le Synode sur l’Amazonie

Le cardinal péruvien Pedro Barreto, l’un des fondateurs du Réseau Ecclésial Pan-amazonien (Repam), a défendu la tenue du Synode sur l’Amazonie, qui se tiendra à Rome du 6 au 27 octobre prochain. Le document préparatoire de la rencontre a été vivement critiqué par deux cardinaux allemands, estimant qu’il ne respectait pas les enseignements de l’Eglise.

Le cardinal Barreto, archevêque de Huancayo, au Pérou, a souligné, dans un article publié le 18 juillet 2019 dans la revue jésuite italienne La Civiltà Cattolica, que l’Instrumentum laboris, le document qui sert de base de travail à la tenue de ce Synode sur l’Amazonie «est un instrument de travail (…) qui exprime amplement les sentiments et les désirs de très nombreux représentants du peuple d’Amazonie».

Mgr Pedro Barreto, archevêque de Huancayo, au Pérou, est l’un des fondateurs du Réseau ecclésial pan-amazonien (Repam) | © Jean-Claude Gerez

L’évêque péruvien a rappelé également que ce document est le fruit de la consultation de près de 90’000 personnes durant les deux ans qu’a duré la préparation de la rencontre qui se déroulera en octobre prochain au Vatican.

Comprendre la réalité amazonienne

Le cardinal décrit d’ailleurs le processus de consultation comme «une expérience sans précédent» pour un synode. Il assure qu’il donne une bonne évaluation de ce qui se passe actuellement dans cette région».

Et de poursuivre: «Nous croyons que l’expression de cette richesse va apporter, au-delà de toute suspicion, des éléments pour une meilleure compréhension d’une réalité qui réclame toute notre attention».

Des propositions qualifiées d’»hérétiques»

Les propos tenus par le cardinal Barreto, un jésuite nommé archevêque par le pape Jean Paul II en 2004, paraissent répondre, sans pour autant les nommer directement, aux récentes attaques proférées par les cardinaux allemands Gerhard Müller et Walter Brandmüller contre le Synode sur l’Amazonie.

Dans un texte publié le 27 juin 2019 sur le site du blogueur Sandro Magister, le cardinal allemand Walter Brandmüller, âgé de 90 ans, accuse l’Instrument de travail du Synode sur l’Amazonie ni plus ni moins d’»hérésie» et d’»apostasie». Walter Brandmüller, un opposant déclaré au pape François, avait été l’un des coauteurs en 2016 des «dubia» suite à l’exhortation apostolique post-synodale du pape François Amoris lætitia (La joie de l’amour), en compagnie des cardinaux Burke, Caffarra et Meisner.

Le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a lui aussi publié, le 16 juillet 2019 dans le journal allemand Die Tagespost, une dénonciation vigoureuse de la teneur de l’Instrumentum laboris en vue du synode sur l’Amazonie.

Des propositions «contraires à l’Eglise»

De nombreux observateurs ont estimé que les cardinaux Muller et Brandmüller ont été incommodés par certaines suggestions recueillies lors des réunions préparatoires, en particulier celles évoquant la possibilité d’ordonner prêtres des hommes mariés âgés dans des zones rurales présentant des nécessités pastorales.

Une Eglise indigène où les femmes ont déjà des fonctions liturgiques | © Jacques Berset

Le cardinal Brandmüller a affirmé que l’agenda «contredit l’enseignement obligatoire de l’Eglise sur des points décisifs». De son côté, le cardinal Müller a exprimé son accord avec son collègue et a indiqué avoir trouvé le document «extrêmement confus».

Le document en question souligne notamment que l’Eglise devrait considérer «un ministère officiel qui puisse être confié à des femmes, en tenant en compte leur rôle central dans le développement de l’Eglise amazonienne».

Nécessités pastorales

Dans son article, le cardinal Barreto ne s’est pas attardé sur les questions d’ordre théologique. Il a en revanche souhaité mettre l’accent sur les nécessités pastorales et économiques des personnes dans toute la région amazonienne, dont le territoire s’étend sur près de 5 millions de km2 dans huit pays.

«Pour nous, membres de l’Eglise catholique en Amazonie, nous voulons être témoins vivants de l’espoir et de la coopération», insiste Mgr Pedro Barreto. «Dans ce sens, en tant qu’événement ecclésial, le Synode sur l’Amazonie peut constituer un signal important d’une réponse effective qui permette de promouvoir la justice et la défense des personnes les plus affectées». (cath.ch/jcg/be)

Synode sur l'Amazonie Pour une Eglise indigène où les femmes jouent un rôle crucial | © Jacques Berset
21 juillet 2019 | 17:30
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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