Les femmes réclament une juste place. 
Le Réseau des femmes en Eglise a rassemblé une soixantaines d'entre elles à la gare de Lausanne, le 14 juin 2019. | © Bernard Hallet
Suisse

Des catholiques de Bâle-Ville interpellent le Vatican sur l'égalité femmes-hommes

La corporation ecclésiastique catholique romaine du canton de Bâle-Ville (RKK), dans trois lettres datées du 17 juillet 2019, demande à trois responsables de haut rang au Vatican d’œuvrer en faveur de l’égalité entre hommes et femmes dans l’Eglise. Les signataires espèrent recevoir une réponse.

La «Résolution de Bâle» a été envoyée à Rome à l’adresse de membres éminents de la Curie romaine: le cardinal Luis Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Reinhard Marx, du Conseil des cardinaux, et le cardinal Kevin Farrell, préfet du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie.

L’égalité des sexes doit faire partie des stratégies de l’Eglise catholique

La RKK considère clairement que l’égalité des sexes est une question transversale qui doit être intégrée dans toutes les commissions, les organes et institutions ecclésiastiques. Elle doit faire partie des stratégies et des programmes de l’Eglise catholique romaine.

Une préoccupation également pastorale

La résolution avait déjà été adoptée début juin 2019 par le Synode de l’Eglise catholique romaine du canton de Bâle-Ville, l’organe législatif de l’Eglise bâloise. La préoccupation de l’égalité hommes-femmes dans l’Eglise est également présente du côté pastoral – c’est le Synode qui est l’expéditeur de la lettre -, a expliqué le responsable de l’information du Conseil de la RKK, Matthias Schmitz. Qui espère que la demande recevra une réponse circonstanciée de Rome.

La RKK écrit dans sa résolution que l’autonomisation des femmes est nécessaire pour parvenir à la justice entre les sexes. Et le Synode de l’Eglise catholique romaine de Bâle-Ville exhorte le Vatican à inclure ces préoccupations dans ses réflexions et ses décisions pour toute l’Eglise catholique et, en ce sens, à les soumettre également au pape François.

Grève des femmes

La corporation ecclésiastique de Bâle-Ville considère que les lettres adressées au Vatican sont dans la même ligne que les activités en faveur de l’égalité des sexes dans l’Eglise catholique en Suisse. Ainsi, le communiqué de presse de la RKK fait explicitement référence à la participation de théologiennes lors de la Journée de la grève des femmes, le 14 juin 2019.

Il mentionne aussi le dialogue, qui s’est tenu quelques jours après entre des théologiennes et théologiens représentant l’initiative «Nous en avons assez !» (Wir haben es satt!) et Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle et président de la Conférence des évêques suisses (CES). Tous ont à cette occasion convenu que des changements structurels dans l’Eglise étaient nécessaires. L’évêque a tendu la main pour lancer un processus afin d’aboutir à des changements et des améliorations durables, note la RKK.

«Nous en avons assez !»

Fin mars 2019, sept théologiennes et théologiens ont adressé aux évêques suisses une liste de revendications dans un message intitulé «Nous en avons assez !»

Près d’un millier de personnes en Suisse soutiennent le catalogue de réformes demandant l’égalité des femmes dans l’Eglise. L’une des initiatrices du catalogue des revendications pour «une Eglise autrement» est la théologienne lucernoise Jacqueline Keune, mais la liste des signataires comprend encore des personnalités éminentes telles que Simone Curau-Aepli, présidente de la Ligue suisse des femmes catholiques, Sœur Ingrid Grave, de la communauté des dominicaines d’Ilanz, Odilo Noti, ancien responsable de la communication et du marketing à Caritas Suisse, et Sepp Riedener, pionnier de la pastorale de rue des Eglises à Lucerne.

Soutien de milieux académiques

En plus des nombreuses personnes qui travaillent dans la pastorale, le soutien est également venu de milieux académiques: Leo Karrer, professeur émérite de théologie pastorale, Walter Kirchschläger, ancien professeur d’exégèse du Nouveau Testament, Max Küchler, également professeur émérite d’exégèse du Nouveau Testament, et Udo Rauchfleisch, professeur émérite de psychologie.

La majorité des soutiens vient de Suisse, mais on trouve également des signataires à l’étranger, notamment en Allemagne et en Autriche. Les initiatrices et initiateurs, en Suisse alémanique, sont Jacqueline Keune, Marie-Theres Beeler, Angela Büchel Sladkovic, Nico Derksen, Monika Hungerbühler, Elke Kreiselmeyer et Felix Senn. (cath.ch/rkk/kath.ch/be)

Les femmes réclament une juste place. Le Réseau des femmes en Eglise a rassemblé une soixantaines d'entre elles à la gare de Lausanne, le 14 juin 2019. | © Bernard Hallet
18 juillet 2019 | 17:14
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!