Ados de Lourdes: un déjeuner bon pour le cœur
Les ados du pèlerinage d’été romand à Lourdes se rendent tous les matins à l’accueil, par petits groupes, pour servir le déjeuner aux malades. Un service très apprécié des plus fragiles et enrichissant pour des jeunes qui y trouveront peut-être une vocation et formeront la relève du pèlerinage.
Debout, derrière les résidents de l’accueil ou assis parmi eux, les ados sont attentifs à la moindre demande des malades qu’ils sont venus servir pour le petit déjeuner. Tartines, thé, café, ils sont aux petits soins pour les plus fragiles des 600 pèlerins romands qui passent la semaine du 14 au 19 juillet 2019 à Lourdes.
La salle du quatrième étage de l’accueil Notre-Dame bourdonne. Allées et venues entre les tables, de la cuisine au réfectoire, les ados croisent les hospitalières qui n’hésitent pas à leur prodiguer des conseils.
«Ils ont plein de choses à raconter»
«Dans notre société, on pense que la vieillesse c’est la fin et que les personnes âgées n’ont plus qu’à attendre la mort, relève Claire. Mais on voit que c’est faux quand on discute avec eux. Ils ont plein de choses à raconter». Elle aimerait renouveler l’expérience plus qu’une fois par an, lors du pèlerinage. Notamment en allant plus souvent dans les homes pour passer un moment avec les personnes âgées.
Après un temps de tâtonnement, les jeunes se lancent dans la conversation en tendant une tartine, ou en versant avec une application presque surprenante du thé ou du café dans un bol tenu parfois par une main hésitante.
Au-delà du service, la vraie richesse de ce moment de la journée réside sans doute dans les échanges qui rapprochent les ados des aînés le temps du petit déjeuner. Michel, pour la première fois à Lourdes, ne savait pas à quoi s’attendre. Affecté à une table dont les convives sont autonomes, il n’a pas eu à aider. «J’ai pu discuter avec eux, c’est le plus important. Ils nous disent merci pour les sourires». L’adolescent timide estime qu’il faut dépasser les préjugés. «Ce n’est pas parce qu’ils sont handicapés qu’ils n’ont rien à dire».
Les malades brisent la glace
Souvent les malades brisent d’emblée la glace, facilitant le contact. Ils savent les difficultés qu’ont les jeunes, impressionnés, à entrer en contact avec eux. Ce n’est pas le cas de Ludivine: «C’est enrichissant. C’est comme si tu discutes avec ta grand-mère», lance-t-elle. Elle a été habituée à côtoyer des personnes handicapées au fil des nombreux pèlerinages qu’elle a effectués avec ses parents. «J’aime beaucoup ce moment, c’est un super contact et on leur redonne le sourire». Elle en parle comme d’une évidence.
Le repas touche à sa fin. Des ados aident à débarrasser, d’autres poursuivent la conversation. Le dialogue s’est aussi instauré avec les hospitalières. Une ressemblance, ou des retrouvailles d’un pèlerinage à l’autre, permet de reconstituer le fil de la parenté. On se trouve un oncle ou une cousine originaire du même village. La conversation se ramifie et gagne la tablée.
Les uns et les autres regagnent leur chambre, les adolescents se regroupent autour d’une hospitalière qui partage son expérience. Peut-être suscitera-t-elle des vocations, qui sait? Ils écoutent très attentivement. Concentrés ou un peu fatigués. Ils se sont levés à 6h45 pour être présents à l’accueil un peu avant huit heures. L’atmosphère est paisible.
«C’est un service qui est très apprécié», note l’abbé Jérôme Hauswirth, curé de Collombey-Muraz (VS) et aumônier des ados. Autre argument pour le prêtre valaisan: «Nous souhaitions que ces jeunes aient une vision intégrale du pèlerinage». Les ados ont en effet toujours aidé les brancardiers mais le service à l’hospitalité est plus récent.
L’avenir du pèlerinage
Ce qui est devenu une activité à part entière de cette semaine à Lourdes a été gagné de haute lutte. «Au début, nous avons été mal perçus par certains bénévoles hospitaliers. Ils ont eu peur qu’on leur prenne leur travail. Ils se sont aperçus que ce n’était pas le cas».
Le prêtre explique que ce qui apparaissait comme une concurrence a été envisagé finalement comme l’avenir du pèlerinage. Pragmatique, il pense aussi aux vocations que ce service peut susciter parmi les jeunes. «Nous avons maintenant une excellente collaboration», se réjouit l’abbé Hauswirth.
Les ados redescendent en se racontant ce qu’ils viennent de vivre. Ils ont trois quarts d’heure pour aller boire un chocolat en attendant la messe à la grotte. Ils aideront les brancardiers à transporter les malades qu’ils ont servi plus tôt. (cath.ch/bh)