Stimuler l'économie rurale pour freiner les flux migratoires, estime le Saint-Siège
Il faut stimuler l’économie rurale pour freiner les flux migratoires, a estimé le 26 juin 2019 Mgr Fernando Chica Arellano à l’occasion de la 41ème session de la Conférence de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), basée à Rome.
L’observateur permanent du Saint-Siège auprès de la FAO a expliqué de quelle manière l’agriculture peut devenir un secteur respectueux de la dignité humaine et facteur de développement durable lors de cette session sur le thème: «Migration, agriculture et développement rural».
Le cercle vicieux de la pauvreté
Les personnes se déplaçant dans leur propre pays constituent la majorité des migrants, a remarqué Mgr Arellano. Ceux-ci partent des zones rurales pour se rendre dans les zones urbaines. Malheureusement, faute de préparation nécessaire ou des compétences professionnelles requises dans les villes, ils demeurent dans le cercle vicieux de la pauvreté. Ce phénomène touche une foule immense de jeunes se sentant moins attirés par les activités agricoles, a-t-il pointé.
Au début de son intervention, Mgr Chica Arellano a toutefois rappelé que les personnes concernées par le thème du jour «sont des êtres humains, comme nous, mais qui se voient obligés d’abandonner leurs terres et leurs maisons pour échapper à la pauvreté, aux conflits, aux persécutions, aux effets néfastes du changement climatique et aux catastrophes naturelles».
Les objectifs de l’Agenda 2030 risquent de ne pas être atteints
«Ils ne partent pas par libre choix, mais poussés par le découragement et le désespoir, souvent mus par l’impossibilité d’avoir ce pain quotidien qui fait partie intégrante du droit fondamental à la vie». Il s’est désolé que les objectifs fixés par l’Agenda 2030 de l’ONU en matière d’éradication de la faim semblent toujours moins susceptibles d’être atteints. «Nous continuons de constater l’augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde», a-t-il ainsi affirmé.
Les personnes qui quittent les campagnes, a regretté le prélat, pourraient pourtant «stimuler avec vigueur l’économie rurale» mais aussi favoriser la sécurité alimentaire dans les zones urbaines de leurs pays. L’observateur permanent a par conséquent encouragé la FAO à promouvoir des politiques visant à développer l’esprit d’entreprise chez les jeunes du secteur agricole ou encore facilitant l’accès à la terre ou au crédit.
Emigrer reste un droit incontestable
D’une manière générale, l’agriculture demeure centrale pour lutter contre le cercle vicieux de la faim, le phénomène migratoire et la pauvreté. A cette fin, la FAO doit investir dans une «agriculture durable», a demandé le représentant du Saint-Siège, en utilisant notamment les nouvelles technologies. La promotion de ces activités agricoles doit être considérée à juste titre comme un moyen pour les populations de rester sur leurs terres.
Cependant, le développement dans les pays plus pauvres ne doit pas être pensé uniquement comme un moyen de réduire l’émigration, a-t-il tempéré. Emigrer reste un droit incontestable, a-t-il souligné. Ainsi, il n’est pas possible de se soustraire à l’obligation «d’accueillir, de protéger, de promouvoir et d’intégrer» ceux qui en ont besoin.
Une exploitation qui confine à la traite humaine
Déplorant le fait que de nombreux jeunes migrants se retrouvent obligés d’accepter une travail ne leur garantissant pas les droits les plus élémentaires, Mgr Arellano a notamment dénoncé le secteur de la pêche. Dans certains cas, le niveau d’exploitation de ces jeunes relève de la traite humaine, a-t-il considéré.
Le prélat a enfin profité de ce discours pour remercier José Graziano da Silva, directeur de la FAO depuis 2012 et arrivé à la fin de son mandat. Il a ainsi salué Qu Dongyu, élu le 23 juin pour le remplacer. Il s’agit du premier Chinois à cette fonction. (cath.ch/imedia/cg/be)