Les évêques suisses ont demandé pardon pour les abus sexuels le 5 décembre 2016 la basilique de Notre-Dame de Valère | © Maurice Page
Suisse

Crise dans l'Eglise: les évêques suisses veulent écouter les fidèles

A l’occasion de son assemblée ordinaire début juin 2019 à Sankt Gerold, en Autriche, la Conférence des évêques suisses (CES) s’est penchée sur les questions soulevées par la crise que traverse l’Eglise. La CES souhaite ouvrir un dialogue avec les fidèles sur des sujets tels que le rôle des femmes, le célibat des prêtres ou les abus sexuels

«Les soucis des fidèles sont aussi ceux des évêques!», souligne la CES dans un communiqué du 6 juin 2019. La conférence épiscopale assure que ses membres ont pris acte de différentes lettres ouvertes et appels au renouveau de l’Eglise catholique. «La CES y lit l’expression d’une crise dans notre Eglise». Tout en précisant que divers débats ont déjà eu lieu au niveau diocésain, la CES souhaite que «la parole divine puisse être entendue et vécue de tous». Elle envisage ainsi d’ouvrir un dialogue sur ces questions et ces revendications. «Celles-ci posent de tels enjeux dans leur complexité et leur diversité que la CES aimerait les traiter avec de nombreux fidèles», note le communiqué.

Propositions à l’Eglise universelle?

Un groupe de travail procédera donc à une analyse des sujets abordés. Parmi ceux-ci: le rôle des femmes dans l’Eglise, le célibat des prêtres et les viri probati, les abus sexuels et de pouvoir, ainsi que la foi et la transmission de celle-ci. Ce groupe est chargé d’examiner la façon de traiter au mieux ces thématiques, les personnes qu’il convient d’impliquer, ainsi que les propositions à éventuellement formuler à l’intention de l’Eglise universelle. Il tiendra également compte, dans son travail, des conclusions des débats tenus sur ces questions dans les diocèses.

Le processus synodal joue un rôle important dans la question de la méthodologie à adopter, soulignent les évêques. La CES veut impliquer ses divers organes pour clarifier la question de ce que signifie la synodalité dans l’Eglise et lui donner un éclairage théologique. (cath.ch/com/rz)


Participation de Mgr Bürcher

Cette 324e assemblée ordinaire de la CES s’est déroulée du 3 au 5 juin au prieuré de Sankt Gerold en Autriche, qui dépend de l’abbaye d’Einsiedeln (SZ) depuis le XIIIe siècle. Mgr Pierre Bürcher était présent pour la première fois en tant qu’administrateur apostolique du diocèse de Coire. Le Valaisan d’origine a été nommé fin mai 2019 administrateur apostolique du diocèse de Coire, suite au départ à la retraite de Mgr Vitus Huonder.

Rejet de l’initiative sur le don d’organes

Les évêques ont également abordé la problématique du don d’organes. L’initiative populaire «Pour sauver des vies en favorisant le don d’organes», qui a abouti en avril 2019, vise à une augmentation du nombre de tels dons en remplaçant la règle actuelle du consentement explicite par le principe du consentement présumé. Le don d’organes, de tissu et de cellules de toute personne décédée serait ainsi automatique, à moins que celle-ci n’ait fait connaître son refus de son vivant (régime du refus).

La CES rappelle qu’un don d’organes peut être moral et même méritoire à condition que la donneuse ou le donneur y consente en toute connaissance de cause. Comme le pape François l’a souligné récemment, le don d’organes est «une manifestation de généreuse solidarité et un acte de responsabilité sociale ainsi que l’expression de la fraternité universelle qui lie entre eux tous les hommes et les femmes». Une offrande présuppose cependant la volonté expresse du donateur ou de la donatrice, remarquent toutefois les évêques suisses. Pour ces derniers, l’introduction du consentement présumé contredit au principe de la volonté expresse. C’est pourquoi la CES rejette cette solution.

Bien que le don d’organes soit un acte d’amour, la Conférence constate qu’il n’en découle aucun devoir moral. «Celui qui ne se décide pas au don d’organes ne peut en aucun cas être condamné moralement».

Les évêques savent de leur expérience en pastorale que ce sont souvent les proches qui doivent prendre ces décisions lourdes de conséquences. C’est pourquoi ils encouragent tous les fidèles à discuter de leurs souhaits en la matière avec leurs proches.

Délégation suisse au Forum international de la jeunesse à Rome

Le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie organise à Rome, du 18 au 22 juin 2019, un Forum international de la jeunesse. L’objectif de cette rencontre post-synodale est la mise en œuvre concrète en pastorale des propositions faites lors du Synode sur la Jeunesse. Toutes les conférences épiscopales ont été invitées à y déléguer deux jeunes. Quelques jeunes déjà présents au Synode 2018 ainsi que d’autres délégués d’associations laïques de jeunesse y participeront également.

La CES a désigné pour la représenter Aline Jacquier, active au sein de la Commission diocésaine de la jeunesse, du Festival OpenSky, et des JMJ, ainsi que Roman Fiabane, actif dans le Conseil de paroisse de Bülach (ZH), du comité d’organisation d’Adoray Zürich, et du Synode Zürich. Claire Jonard, coordinatrice au Centre romand des vocations et directrice de projet pour la pastorale de la jeunesse en Suisse romande, y participera également en tant qu’experte pour la Suisse, à l’invitation du Dicastère.

Journée mondiale du malade

La CES communique également que dès 2020, le 11 février sera en Suisse la Journée mondiale du malade et le premier dimanche du mois de mars sera le «dimanche des malades». Le membre de la CES responsable de ce dicastère publiera un texte à l’occasion du «dimanche des malades». RZ

Les évêques suisses ont demandé pardon pour les abus sexuels le 5 décembre 2016 la basilique de Notre-Dame de Valère | © Maurice Page
6 juin 2019 | 11:47
par Rédaction
Temps de lecture : env. 4  min.
CES (356), crise (48)
Partagez!