Le président sud-soudanais Salva Kiir affirme avoir été ému par sa rencontre avec le pape | © Al-Jazeera English/Wikimedia/CC BY-SA 2.0
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Les dirigeants sud-soudanais profondément marqués par leur retraite à Rome

Les 10 et 11 avril 2019, le pape François a réuni au Vatican les principaux leaders politiques et religieux du Soudan du Sud, dans une «retraite pour la paix». Une rencontre qui les a profondément marqués.

Durant la rencontre au Vatican, dans un geste sans précédent, le pape François avait baisé les pieds de plusieurs dirigeants sud-soudanais. le pontife les avait globalement encouragés à rechercher ce qui les unit et à surmonter ce qui les divise.

Le président du pays, Salva Kiir, a affirmé plus tard dans une interview à la chaîne de télévision catholique américaine EWTN qu’il était sorti de cet échange «presque tremblant». «Je me suis moi-même senti humble devant l’humilité du Saint-Père quand il s’est baissé pour embrasser mes pieds», a assuré le chef d’Etat. Le pontife a réalisé le même geste envers Riek Machar, grand rival de Salva Kiir, dont les factions se sont opposées avec une grande violence durant de longues années.

En 2011, la partie sud du Soudan, majoritairement chrétienne, a gagné son indépendance. Une guerre civile de cinq ans s’en est suivie, qui a provoqué la mort de centaines de milliers de personnes et le déplacement de millions d’autres. Riek Machar et Salva Kiir ont signé un fragile accord de paix en septembre 2018. Un document que les évêques catholiques du pays, dont certains étaient présents à Rome, ont qualifié de «non viable», du fait qu’il ne règle pas les problèmes de fond. Pour autant, les prélats sud-soudanais ont assuré croire en la paix et remercié le pape de leur avoir donné une nouvelle énergie pour reconstruire le pays.

«Notre arme la plus puissante, c’est le pardon mutuel»

Le président Kiir a confié que sa rencontre avec le pontife avait été spécialement marquante, du fait qu’il a grandi dans une région du Soudan premièrement évangélisée par des missionnaires catholiques, desquels il a beaucoup appris. «Suite à cet échange avec le pape, j’ai ressenti que je devais faire de mon mieux en rentrant chez moi, a également souligné le chef d’Etat. Que je devais faire tout mon possible pour apporter la paix à mon peuple».

Mgr Eduardo Kussala, évêque de Tombura-Yambio, qui a participé à la rencontre, a relevé que le grand défi était de trouver des réponses locales aux problèmes. Son diocèse s’est récemment allié avec d’autres Eglises de la région afin de faire sortir près de 10’000 jeunes hommes de la forêt, où ils servaient comme combattants. Beaucoup d’entre eux ont déjà été réintégrés dans les forces de l’ordre légitimes et d’autres dans des activités sociales et économiques. La coalition d’Eglises s’efforce également de préparer la communauté à la réconciliation et au pardon. «Nous devons considérer que nous sommes tous égaux, que nous sommes tous des enfants de Dieu, a déclaré Mgr Kussala. Notre arme la plus puissante, c’est le pardon mutuel». (cath.ch/cna/ewtn/rz)

Le président sud-soudanais Salva Kiir affirme avoir été ému par sa rencontre avec le pape | © Al-Jazeera English/Wikimedia/CC BY-SA 2.0
23 mai 2019 | 10:11
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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