Amédée Grab, «un vrai constructeur de ponts»
Mgr Amédée Grab, ancien évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) et de Coire, est décédé le 19 mai, à l’age de 89 ans. Quatre personnes qui l’ont connu de près rendent hommage à ce «vrai suisse» qui, par son talent de communicateur, a marqué la vie ecclésiale nationale.
«Amédée Grab était un vrai Suisse», souligne Urban Federer, abbé d’Einsiedeln. «Bilingue de par sa famille, il était devenu parfaitement trilingue grâce à ses années d’enseignement au Collegio Papio d’Ascona (TI). Lorsqu’il est arrivé à la retraite, je lui ai demandé s’il serait retourné vivre à l’abbaye. Il m’a répondu qu’il aimait tant ‘l’italianità’, raison pour laquelle il a choisi de finir sa vie à Roveredo, dans une vallée italophone des Grisons.»
«Mgr Grab était un homme de vie, poursuit le Père abbé. Il aimait la vie, être avec les gens, dialoguer, partager un bon verre de vin. Je me souviens qu’en 1988 je lui avais rendu visite à Genève. Il m’avait invité à goûter un des vins de sa cave, un très bon vin.» Mais, Amédée Grab était également un homme d’une grande profondeur spirituelle. Il revenait à Einsiedeln chaque année pour les fêtes pascales. «Pour lui c’était en effet très important, remarque Mgr Federer. Il aimait beaucoup la liturgie du Triduum pascal, en particulier l’Office des Ténèbres qu’on célèbre le Vendredi et le Samedi saints en grégorien. Il pleurait à chaque fois, pris par l’émotion. Il y était pour la dernière fois, il y a quelques semaines.»
Rassembleur
L’abbé Nicolas Betticher, ancien secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques suisses, décrit Mgr Grab comme «un homme des trois cultures majoritaires de la Suisse. Il portait en lui l’ouverture d’esprit typique de la Suisse romande, la rigueur de travail de la Suisse alémanique et la joie de vivre de la Suisse italienne. Pour moi, il était un vrai pontifex, un homme capable de créer des ponts, en mettant des gens avec des opinions divergentes autour d’une même table. C’était sa mission», commente le prêtre fribourgeois.
Pour ce dernier, Mgr Grab était toujours à l’écoute d’autrui, faisant preuve d’empathie avec ses interlocuteurs. Il se souciait vraiment de l’autre. «Lorsque je travaillais à la Conférence des évêques suisses, il passait au bureau juste pour dire ‘bonjour’, sans avoir des dossiers particuliers à discuter. Il incarnait pleinement le rôle d’un épiscope, c’est-à-dire ‘celui qui veille sur’. Il était un véritable père-évêque.»
Joie et profondeur spirituelle
«Je ressens une grande tristesse, c’est difficile de trouver les bons mots», confie Mgr Pierre Farine, ancien évêque auxiliaire à Genève. «Amédée Grab était un homme joyeux, profond, extrêmement simple, mais pas simplet. De contact facile, il était habité par une grande spontanéité et délicatesse: des qualités qui faisaient de lui un bon évêque. J’ai eu l’occasion de collaborer avec lui lorsque j’étais archiprêtre à Genève. Avec lui, on a pu accomplir un grand travail. On s’est vu la dernière fois à Noël, se souvient l’évêque. Comme toujours, nous avons beaucoup parlé. Si aujourd’hui je suis triste, ce n’est pas seulement que j’ai perdu un collègue et un confrère, mais également un véritable ami.»
Un père sur la route
«Il a été un vrai Père sur ma route», déclare Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg, à propos de Mgr Grab. «Qu’il soit comblé par l’Amour du Père du Ciel et de la terre! Fidèle serviteur du Christ, que Marie l’accompagne dans la plénitude de la Vie, libéré de toutes ses limites, dans la joie du cœur purifié pour l’éternité. RIP», poste sur Facebook le prélat fribourgeois, actuellement en pèlerinage à Lourdes. (cath.ch/dp)