Le pape François en phase avec Joseph Stiglitz, pourfendeur du néo-libéralisme
Le pape François a encouragé Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001 et pourfendeur de la mondialisation néo-libérale, et Robert Johnson, directeur exécutif de l’Institut pour la Nouvelle Pensée Economique (INET), à collaborer avec la fondation pontificale Scholas Occurrentes.
La fondation Scholas Occurrentes a été créée par le cardinal Jorge Maria Bergoglio, alors qu’il était archevêque de Buenos Aires, en Argentine. Après son élection au pontificat sous le nom de François, le pape l’a érigée en fondation pontificale. Elle vise à accueillir les exclus du système scolaire et à développer l’éducation au travers de figures populaires.
Il s’agit pour le pontife argentin, en collaborant avec ces économistes de renom, de faire entendre la voix des jeunes dans les études économiques et de promouvoir des rencontres et programmes liés aux problèmes actuels des jeunes au niveau mondial.
Les marchés contre les peuples
Au cours de cette rencontre, où un protocole d’accord a été signé entre Scholas Occurrentes et l’INET, le pape François et Joseph Stiglitz ont mis en garde contre «certaines formes d’économie de marché qui ne mettent pas les marchés au service des peuples mais plutôt les peuples au service des marchés et exacerbent les comportements individualistes».
Lors d’une rencontre privée au Vatican le 11 mai 2019, le pontife a échangé avec l’Américain Joseph Stiglitz, ancien économiste en chef de la Banque mondiale et critique des politiques économiques imposées par le Fonds monétaire international (FMI). Tous deux se sont mis d’accord avec les directeurs mondiaux de Scholas Occurrentes, José María del Corral et Enrique Palmeyro, sur la nécessité de promouvoir au niveau mondial une «économie sociale de marché» qui regarde l’avenir et tient compte de la voix des plus jeunes.
Le «consensus de Washington» dénoncé
Dénonçant le «consensus de Washington», fondé sur le néolibéralisme et le «fanatisme du marché», Joseph Stiglitz milite pour une «troisième voie» entre néolibéralisme et collectivisation complète de l’économie, cette dernière ayant fait la preuve de son inefficacité.
L’économiste américain a depuis longtemps la conviction que le marché ne fonctionne pas de la manière prédite par la théorie orthodoxe de l’offre et de la demande et que la mondialisation telle qu’elle est imposée aggrave les inégalités, favorise les grands intérêts financiers et industriels aux dépens des citoyens, abolit la diversité culturelle et détruit l’environnement. Pour Joseph Stiglitz, la mondialisation doit être totalement repensée de manière à aider les pays pauvres à sortir de leur misère, plutôt que de servir à la transmission de la richesse des pays pauvres vers les pays riches.
Cet héritier du keynésianisme – une école de pensée fondée par le Britannique John Maynard Keynes, considérant que les marchés laissés à eux-mêmes ne conduisent pas forcément à l’optimum économique – développe cette analyse dans son livre Un autre monde. Contre le fanatisme du marché, paru en 2006 chez Fayard. (cath.ch/be)