Pape François: «Les religieuses ne sont pas les esclaves des clercs !»
Si la dimension du service demeure au cœur de la vie des religieuses, celles-ci ne doivent pas tomber dans la «servitude», a rappelé avec fermeté le pape François devant plus de 850 supérieures membres de l’Union internationale des supérieures générales (UISG) le 10 mai 2019. Celles-ci étaient reçues par le pontife en audience au Vatican au dernier jour de leur 21e assemblée plénière.
«J’avais préparé un discours, mais lire des discours je ne sais pas faire», a expliqué le pontife en introduction devant un parterre de 850 religieuses. «Avec vous, je voudrais avoir un dialogue». Revenant sur le mot d’introduction de l’une des supérieures le remerciant de faire face au problème des abus sur les religieuses, l’évêque de Rome a abordé en premier lieu ce sujet.
Suite au sommet sur la protection des mineurs de février, certaines associations de religieuses sont restées insatisfaites, a-t-il observé. «Et je les comprends». Cependant, le problème des abus ne se résout pas du jour au lendemain. Il s’agit un processus lent, et l’Eglise commence à peine à prendre conscience aujourd’hui de ce fléau avec honte.
Le problème des abus des religieuses demeure cependant grave et sérieux, et a lieu également à Rome, a-t-il admis. De plus, il ne s’agit pas seulement de parler des abus sexuels mais également des abus de pouvoir ou encore de conscience envers les religieuses. «Nous devons lutter contre cela !», a exhorté l’évêque de Rome. En outre, ce phénomène a également une influence sur le sens du service dans la vie consacrée. Si le travail en nonciature par exemple constitue, pour le pape, une bonne occasion de service, les religieuses ne doivent toutefois pas se transformer en «domestiques de clerc», a-t-il insisté. «Le service oui, la servitude non !»
La mission de la femme va au delà de la fonction
Le pontife argentin s’est également exprimé plus largement sur le rôle de la femme dans l’Eglise et notamment de la femme consacrée. Selon lui, penser la mission de la femme uniquement en termes «fonctionnels» reviendrait à se tromper. Si une femme pourrait être chef de dicastère ou encore conseillère auprès d’un évêque, sa vocation fondamentale va au-delà de la fonction.
Cette mission, a encore reconnu le pape, n’est cependant pas encore bien comprise par l’Eglise. Ce n’est pas une image mais la réalité selon lui: l’Eglise est féminine. C’est pourquoi, il s’agit d’approfondir la théologie de la femme. En effet, l’Eglise ne propose pas seulement un dogme mais doit croître sur le chemin de la Révélation, et ainsi, avec le temps, les chrétiens pourront mieux comprendre leur foi.
Commission sur le diaconat féminin
A l’occasion de cette audience, le successeur de Pierre a également livré aux religieuses les résultats du travail de la commission instaurée en 2016 sur le diaconat féminin. Celle-ci avait en effet été créée à la demande de l’UISG. Revenant sur ses propos tenus dans l’avion le ramenant de Macédoine, il a encore reconnu la nécessité de creuser ce sujet pour faire émerger une réponse aboutie.
Voyage au Soudan du Sud?
Le pontife a également considéré l’invitation de l’une des religieuses à participer à la prochaine assemblée plénière de l’UISG. Enfin, à la suite de l’intervention d’une religieuse soudanaise, l’évêque de Rome a évoqué l’idée d’un éventuel voyage au Soudan du Sud accompagné de Justin Welby, l’archevêque de Cantorbéry, primat de l’Eglise anglicane. Il a ainsi espéré que ce déplacement puisse avoir lieu, au mois de septembre, au retour de son voyage au Mozambique, à Madagascar et à l’île Maurice. (cath.ch/imedia/cg/mp)