Evangile de dimanche: un repas au bord du lac…
Sur un feu de braise, un peu de poisson et du pain. Cette scène fait partie des rencontres entre Jésus et ses disciples après Pâques. C’est même le plus long récit d’apparition pascale.
Jésus invite ses disciples à s’approcher et à manger. Il leur partage alors pain et poisson. Aucun n’ose lui demander «qui es-tu?» Ils pressentent qu’il s’agit bien de Jésus, mais ils l’avaient vu mourir en croix, alors ils hésitent, n’osent y croire. C’est un trait régulier des apparitions du Ressuscité: c’est bien Jésus mais dans un état nouveau. Marie-Madeleine ne le reconnaît pas aussitôt, pas plus que les disciples d’Emmaüs. Il faudra la foi pour dessiller leurs yeux et les nôtres.
De cette page d’évangile, on souligne habituellement la finale: la triple profession d’amour par laquelle Pierre rachète son triple reniement. Ici je désire souligner plutôt la portée du début du récit: non pas tant la pêche miraculeuse que raconte aussi S. Luc au commencement de son évangile, que cette scène de reconnaissance au cours d’un petit repas improvisé au bord du lac de Tibériade.
Ce cadre n’a rien d’anodin. Il fait le lien entre l’agir de Jésus avant Pâques et après Pâques. Occasion pour nous de souligner combien Jésus a aimé les repas, combien il a apprécié de passer du temps à table, par exemple avec les pécheurs à Capharnaüm dans la maison de Lévi.
«Quand l’amitié est là, autour d’une table, le Christ est dans les parages.»
Il a aussi accepté l’invitation de Simon bientôt surpris par l’arrivée de la pécheresse. Il a également répondu à l’invitation des noces à Cana, ce qui lui a permis de poser le premier de ses signes. Pensons aussi au repas chez Zachée le publicain chez qui il s’était invité. Et puis souvenons-nous, dans un cadre amical, du repas chez Marthe et Marie.
Est-il finalement si étrange que Jésus venu sceller l’Alliance avec nous ait privilégié la commensalité autour d’une table? C’est aussi dans la même logique qu’il a choisi de lier sa présence parmi nous à la célébration d’un repas. Certes, un repas ritualisé qui n’a peut-être pas le charme du poisson grillé partagé sur la plage, mais c’est bien d’un repas qu’il s’agit.
Un repas où l’on prend le temps d’écouter la Parole de l’hôte qui nous reçoit, où l’on scelle et renforce l’amitié avec Dieu et entre nous dans l’échange du baiser de paix; un repas aussi qui refait nos forces, nourrit notre espérance et nous habilite à la partager.
Dieu est si proche de nous qu’il a choisi de lier pour toujours sa présence au repas eucharistique. Mais ne rejoint-il pas aussi nos repas familiaux et amicaux? Quand l’amitié est là, autour d’une table, le Christ est dans les parages.
Jean-Michel Poffet | Vendredi 3 mai 2019
Jn 21, 1-19
En ce temps-là,
Jésus se manifesta encore aux disciples
sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.
Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre,
avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),
Nathanaël, de Cana de Galilée,
les fils de Zébédée,
et deux autres de ses disciples.
Simon-Pierre leur dit :
« Je m’en vais à la pêche. »
Ils lui répondent :
« Nous aussi, nous allons avec toi. »
Ils partirent et montèrent dans la barque ;
or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage,
mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.
Jésus leur dit :
« Les enfants,
auriez-vous quelque chose à manger ? »
Ils lui répondirent :
« Non. »
Il leur dit :
« Jetez le filet à droite de la barque,
et vous trouverez. »
Ils jetèrent donc le filet,
et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer,
tellement il y avait de poissons.
Alors, le disciple que Jésus aimait
dit à Pierre :
« C’est le Seigneur ! »
Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur,
il passa un vêtement,
car il n’avait rien sur lui,
et il se jeta à l’eau.
Les autres disciples arrivèrent en barque,
traînant le filet plein de poissons ;
la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
Une fois descendus à terre,
ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise
avec du poisson posé dessus,
et du pain.
Jésus leur dit :
« Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »
Simon-Pierre remonta
et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons :
il y en avait cent cinquante-trois.
Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Jésus leur dit alors :
« Venez manger. »
Aucun des disciples n’osait lui demander :
« Qui es-tu ? »
Ils savaient que c’était le Seigneur.
Jésus s’approche ;
il prend le pain
et le leur donne ;
et de même pour le poisson.
C’était la troisième fois
que Jésus ressuscité d’entre les morts
se manifestait à ses disciples.
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