Notre-Dame: des cloches électrifiées à l'origine de l'incendie?

L’incendie de la charpente de Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019 pourrait avoir été provoqué par la défectuosité d’une installation ‘provisoire’ d’électrification des cloches situées dans la flèche.

Selon une enquête du Canard enchaîné, largement reprise par la presse française, les débuts des investigations révèlent que six cloches étaient installées ‘provisoirement’ dans la flèche de la cathédrale. Des cloches électrifiées dont les câbles couraient dans les combles et qui auraient pu générer un court-circuit à l’origine de l’embrasement.

Trois premières cloches de taille modeste avaient été installées en 2007 au-dessus de la clé de voûte du transept. Quant à la flèche, elle abritait trois autres cloches, remises en service en 2012, au moment de la rénovation des grandes cloches des beffrois. Ces cloches auraient sonné à 18h04, moins d’une demi-heure avant la découverte de l’incendie.

Les appareils électriques de ces cloches, ou leurs fils d’alimentation, auraient pu provoquer l’incendie, dans la poussière des combles et l’étroitesse de la flèche dont la charpente était en pin, plus inflammable que le chêne. C’est une hypothèse sérieuse. Les ouvriers chargés de l’échafaudage ont eu accès aux combles pour y entreposer des matériaux. Ils ont pu endommager les câblages.

Deux autres hypothèses écartées

Une autre hypothèse celle d’un ‘point chaud’, lié au chantier ayant entraîné un départ de feu devrait être écartée. Les douze employés présents sur le toit de la cathédrale, entendus à plusieurs reprises, ont été formels: il n’y avait eu ce jour là ni soudure, ni découpe, ni meulage.

L’hypothèse d’un court-circuit lié au système électrique des deux ascenseurs de chantier installés dans l’échafaudage, laisse aussi les enquêteurs perplexes car la machinerie des appareils était située 15m en-dessous de la flèche.

Par élimination, l’hypothèse des cloches provisoires semble la plus plausible. Selon les experts des monuments historiques consultés, leur installation aurait été faite au mépris des règles sur les vieux bâtiments. Cette erreur pourrait être liée au manque de coordination entre les trois instances chargées de l’entretien et de la gestion de la cathédrale: l’Etat propriétaire du bâtiment, le diocèse et la Ville de Paris.

Une alarme déclenchée trop tard

Selon le Canard enchaîné, il n’a en outre pas fallu vingt minutes aux pompiers pour être appelés sur place, mais plutôt trente-cinq, alors que les flammes atteignaient déjà trois mètres de hauteur. Une telle durée s’expliquerait par une série d’erreurs et de malentendus au PC sécurité de la cathédrale. Une première alarme aurait retenti à 18h16 mais elle a été qualifiée de fausse alerte. Les sirènes ont à nouveau sonné à 18h30. Le régisseur et son adjoint ont alors localisé les flammes à la base de la flèche entre 18h40 et 18h50 avant d’alerter les pompiers. Parvenus sur place les soldats du feu se seraient trouvés face un incendie déjà trop fort pour être maîtrisé avec les moyens dont il disposaient. (cath.ch/ag/mp)