Medea Sarbach, représentante des catholiques suisses au pré-synode de Rome, du 19 au 24 mars 2018. | © B. Hallet
Suisse

Medea Sarbach: «Le pape François encourage les jeunes à donner un 'oui' ferme»

Medea Sarbach était l’une des quatre délégués suisses au pré-Synode sur les jeunes à Rome en mars 2018. A la lecture de l’exhortation apostolique du pape François Christus vivit, la jeune femme de 24 ans se sent encouragée à s’engager avec les autres, à prendre des décisions claires et à parler de Jésus.

Comment décririez-vous la teneur de base de ce texte?
Je trouve ce texte très encourageant. J’aime que le pape François s’adresse directement aux jeunes. Le document est plein d’espérance en Dieu, dans la jeunesse et dans l’interaction des générations.

Quels sont les passages qui vous parlent le plus?
J’aime le début du texte: «Le Christ vit. Il est notre espérance». La comparaison avec Marie m’a particulièrement interpelée: les jeunes doivent aussi dire un «oui» décidé, comme Marie. J’ai aussi été impressionnée par le chapitre «Missionnaires courageux». Ici, le pape François appelle les jeunes à parler de Jésus : Pourquoi ne pas dire aux autres que Jésus nous donne la force de vivre?

Avec quelles parties avez-vous plus de peine?
Certains passages m’ont plus attirée. Je me sens moins concernée par d’autres. Mais je n’ai eu de vrai problème nulle part.

Le document aura-t-il un impact sur la pastorale des jeunes?
Lorsqu’il parle du Christ, le document a une dimension de profondeur particulière. J’espère que cela inspirera le travail de jeunesse à trouver de nouveaux chemins afin de rendre davantage témoignage à Jésus-Christ et à l’espérance qu’il nous donne.

La lettre dit que l’Église doit aussi écouter les critiques des jeunes (no 39). Y a-t-il des points critiques que l’Église devrait, selon vous, écouter?
Je pense qu’il est important que Jésus-Christ devienne plus central. Que nous sortions courageusement dans le monde et que nous vivions et partagions la foi chrétienne dans la vie quotidienne. Quoi qu’il en soit, nous pouvons faire davantage.

En ce qui concerne la question des femmes (no 42), le texte reste vague. Le pape reconnaît la revendication des femmes pour plus de justice, mais en même temps il n’est pas d’accord avec tout ce que proposent les groupes féministes. Quelle est votre préoccupation pour l’Église en tant que jeune femme?
Je pense qu’il est important que chaque femme sache: J’appartiens à l’Eglise, je peux m’engager, je peux apporter ma contribution dans l’Eglise et dans la société. Nous, les femmes, nous devons peut-être prendre plus conscience que nous faisons vraiment partie de l’Église catholique et qu’elle a besoin de nous.

Medea Sarbach, envoyée par la Conférence des évêques suisses au pré-synode des jeunes à Rome. | © B. Hallet

Mais les femmes sont limitées dans l’accès aux ministères ordonnés. Ce n’est pas une question d’engagement.
En tant que femme, je me sens très bien et aussi très prise au sérieux dans l’Eglise catholique. Je crois aussi que nous devrions tous découvrir et réaliser encore davantage la vocation au sacerdoce commun.

Vous sentez-vous renforcée dans la reconnaissance de ce qui est votre vocation spécifique?
J’ai été touchée que le pape François nous appelle à prendre des décisions, aussi dans nos relations. Il nous encourage à faire le pas vers le mariage. Selon mon expérience, c’est difficile pour beaucoup de jeunes, peut-être parce qu’ils préfèrent garder différentes portes ouvertes. J’ai été encouragée par les passages dans lesquels le pape François dit que cela vaut la peine de se décider pour la fondation d’une famille.

Dans le chapitre «L’environnement numérique» (nos 86-90), le pape aborde en détail la communication en ligne. Christus vivit répond-il aux attentes des participants au pré-synode selon lesquelles l’Église devrait être plus présente dans les médias sociaux?
Je prends la lettre comme une suggestion pour chercher nos propres idées sur la façon dont nous, en tant qu’Eglise, pouvons mieux utiliser les médias sociaux, comment nous pouvons mieux atteindre les gens, par exemple. Nous devons chercher nous-mêmes des réponses, le pape ne donne pas de solutions toutes faites.

La sexualité est une question importante à l’adolescence (no 81). Comment jugez-vous les passages à ce sujet?
Le pape François parle de la difficulté d’avoir une relation positive avec son corps. Malheureusement, je peux aussi le constater. Pour moi, le plus beau document sur la sexualité reste «La théologie du corps» du pape Jean Paul II, qui m’a encouragée à chercher ce qui me rend vraiment heureuse et j’ai découvert combien l’enseignement de l’Eglise catholique est beau et profond.

Le document affirme de manière autocritique (no 212) que beaucoup de jeunes ont une expérience intensive de Dieu, mais n’entendent alors parler que de questions de doctrine et de morale. Comment pensez-vous que l’Eglise peut garder le feu allumé lors d’un événement brûlant?
Il est important de cheminer dans la foi avec les autres. Quand quelqu’un a une expérience de Dieu lors d’un événement, je l’encourage à se joindre à un groupe chrétien ou à en créer un qui aide à nourrir et à approfondir la relation avec Dieu. Une participation régulière aux célébrations et au service des autres me semble également essentielle.

Un exemple: lors des Journées Mondiales de la Jeunesse, diverses associations, communautés et mouvements catholiques se présentent. Nous encourageons les jeunes et les jeunes adultes à les rejoindre.

Un document écrit de 68 pages est-il la bonne façon d’atteindre les jeunes?
Ce qui est décisif, c’est ce qui ressort de l’exhortation apostolique. Les jeunes peuvent finalement être rejoints à travers les projets ou les groupes suscités par cette lettre. (cath.ch/kath.ch/sys/mp)

Medea Sarbach, représentante des catholiques suisses au pré-synode de Rome, du 19 au 24 mars 2018. | © B. Hallet
23 avril 2019 | 17:00
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 4  min.
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