Montées vers Pâques: pour célébrer autrement la résurrection
Depuis une vingtaine d’années, les montées vers Pâques sont une tradition dans les Eglises de Suisse romande. Orientées à l’origine surtout vers les jeunes, elles se sont ouvertes aussi aux familles et à un public plus large. Avec le même objectif: vivre avec plus d’intensité, les trois jours de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus.
En Suisse romande, une bonne douzaine d’offres permettront aux jeunes et aux moins jeunes de célébrer ensemble le triduum pascal qui marque le point le plus élevé de l’année liturgique. Chacune de ces montées vers Pâques a sa couleur propre. Dans l’isolement de la montagne aux hospices du Simplon et du Grand St-Bernard, dans une paroisse de la ville de Fribourg, dans le silence de l’abbaye de St-Maurice, ou encore en pérégrinant de clocher en clocher dans le Jura. Certains groupes sont nombreux, d’autres plus modestes. cath.ch braque son projecteur sur quelques-unes de ces propositions. Si certaines de ces offres sont complètes, d’autres accueillent encore les personnes qui se décideront à la dernière minute.
Des croix parfois lourdes à porter
«Face au quotidien, parfois difficile, face à des croix parfois lourdes à porter, remettre nos vies dans les mains de Jésus fait beaucoup de bien», explique Elodie Comby, une des animatrices de la Montée vers Pâques du secteur d’entre-deux-rives, dans le Bas-Valais. Avec le thème: «T’es où? Pâques là», «En nous mettant à la recherche de Jésus durant ces trois jours, nous voulons redécouvrir que Jésus n’est pas seulement dans les églises, qu’il ne reste pas cloué sur la croix, mais qu’il est ressuscité et vivant dans nos cœurs.»
Une cinquantaine de jeunes des deux rives exprimeront spécialement leur joie avec la «boum de la résurrection» avec musique et danses, après la veillée pascale. Pour les célébrations liturgiques, ils visiteront les églises du secteur Riddes, Saxon, Leytron, Fully, Saillon et Isérables.
Cris de bébés autorisés
Une quinzaine de familles, soit 80 personnes, se retrouveront à l’invitation des pastorales de la famille des cantons de Vaud et de Genève au domaine de Monteret à St-Cergues. «Notre montée vers Pâques a vraiment un caractère familial avec un programme pour les enfants», explique Pascal Dorsaz.
«Nous avons constaté que dans les familles avec des petits enfants, seul un des deux parents pouvait participer aux célébrations de la Semaine Sainte, l’autre devant rester à la maison avec les petits. Avec notre formule, tout le monde est présent, et si un bébé pleure, personne ne se plaindra. Tout le monde loge sur place et partage les célébrations et les ateliers. Cette année, l’animation est assurée par le Père Joël Pralong supérieur du séminaire de Sion. Le thème joue aussi sur les mots: «Passage – pas sage» «En y réfléchissant un peu, l’événement de la résurrection de Pâques devrait nous bouleverser, nous ‘déstabiliser’ commente Pascal Dorsaz.
Dans le silence d’une retraite
Pour les personnes qui recherchent une démarche plus méditative, l’abbaye ou le Foyer franciscain de St-Maurice proposent des retraites pascales. A l’Abbaye, les jeunes hommes de 16 à 30 ans, accompagnés par les chanoines, seront introduits dans les mystères des célébrations liturgiques avec des indications sur l’histoire et le sens de chacune d’elles. Ils pourront aussi partager des moments d’entretien avec un chanoine.
Au Foyer de Charité de Bex, le prédicateur Jean-René Fracheboud parlera sur le thème: «Quand le jour se lèvera».
A la rencontre des communautés locales
Pour le Jura pastoral, trois montées vers Pâques sont prévues avec les jeunes. «A Delémont, nous avons retenu comme thème: «Et que ça saute!» l’idée est vraiment celle de la dynamique du ressort qui s’affaisse et se comprime pour mieux rebondir. Pour dire que, malgré les épreuves, Jésus nous apporte sa force», note Bernard Voisard, du service de la pastorale de la jeunesse (Sepaje).
Dans le Jura, les montées vers Pâques veulent donner aussi aux jeunes l’occasion d’aller à la rencontre des autres. Les animations et les ateliers se font avec les jeunes, mais les célébrations ont lieu dans les communautés paroissiales. Souvent ces célébrations sont accompagnées de moment de convivialité, par exemple une soupe de carême ou un repas. «Tisser des liens autour de Pâques, nous semble faire partie de l’expérience de la résurrection», témoigne Bernard Voisard.
Vénérer le Christ au tombeau
Avec 200 à 300 jeunes attendus à la paroisse St-Paul, la montée vers Pâques de Fribourg sera une des plus grandes manifestations de Suisse romande. Organisée par le groupe «Only all for Jesus» (OAFJ) et la fraternité Eucharistein, elle se vivra en paroisse dans un quartier populaire de la ville.
«Outre les célébrations habituelles de la Semaine Sainte, nous vivrons deux événements particuliers», explique Justine Favre. Le premier est le «seder», c’est-à-dire le repas pascal à la mode juive. «Ce repas rituel avec ses bénédictions, ses chants, ses prières et son menu particulier fait d’agneau, d’herbes amères et de vin, est une excellente introduction pour comprendre l’institution de l’Eucharistie par Jésus le soir du Jeudi-Saint.»
L’autre moment particulier sera la vénération du gisant, dans la nuit du Vendredi au Samedi-Saint. Une statue du Christ allongé dans son tombeau, comme il en existait au Moyen-Age, sera exposée, en plein air, si le temps le permet. «Nous veillerons autour de lui avec des flambeaux et des offrandes d’encens et de fleurs, dans le silence et la prière. Je ne connais pas cela ailleurs», raconte Justine Favre.
Le point culminant sera bien sûr la messe de Pâques célébrée en rite byzantin à l’Eglise St Jean. Plus encore que le rite latin, la messe byzantine met l’accent sur l’aspect festif de Pâques avec la proclamation de l’annonce de la Résurrection: «Le Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité!» (cath.ch/mp)