Soeur Teresa vit dans la communauté du Verbe de Vie une vie de simplicité | © Bernard Litzler
Suisse

Sœur Teresa du Verbe de Vie: le leitmotiv de la simplicité (5/7)

Religieuse au Verbe de Vie à Pensier (FR), Sœur Teresa est une cabossée de la vie. D’un passé douloureux, elle a fait un chemin de conversion étonnant. Aujourd’hui, elle rayonne d’une foi simple et contagieuse, forte de ses convictions.

«Seigneur, que veux-tu que je fasse pour toi?»: c’est le cri d’Isabel, une jeune de 22 ans au moment de sa confirmation. Elle est au Portugal, elle est ballottée entre des parents séparés, navigue entre la France et son nouveau pays. Et elle va mal. Très mal. Mais ce jour-là, il se passe quelque chose. «J’ai véritablement reçu une effusion de l’Esprit, confie celle qui se nomme aujourd’hui Sœur Teresa. Il y a eu un avant et un après…».

L’après, c’est aujourd’hui. Religieuse, engagée dans la communauté du Verbe de Vie à Pensier (FR), Teresa témoigne. Sereine, elle raconte son parcours, l’avant chaotique et l’après en déploiement. «Ma vie était en noir et blanc et le Seigneur y a mis de la couleur». Teresa a 46 ans, désormais. A Pensier, elle accueille comme maîtresse de maison les hôtes de la communauté. L’accueil comme un charisme simple et naturel dans la belle maison d’où on aperçoit le lac de Schiffenen.

«Je suis passé d’une vie simple, proche de la misère parfois, à une vie de pauvreté»

«Comme un poisson dans l’eau»

L’avant et l’après sont mêlés : «Je suis passé d’une vie simple, proche de la misère parfois, à une vie de pauvreté», résume-t-elle. Mais cette pauvreté choisie est en relation avec le Christ. Le Verbe de Vie, communauté nouvelle née en France dans les années 1980, essaie de mener «une simplicité de vie parce que nous avons trouvé le vrai trésor, le Seigneur».

Après la «décharge d’amour» de sa confirmation, la jeune femme se demande quel est le sens de son existence. De retour en France, elle intègre un groupe de prière qui l’oriente progressivement vers le Verbe de Vie, à Andecy, en Champagne. «Seigneur que veux-tu que je fasse?»: la réponse n’est pas immédiate.

A 26 ans, Teresa quitte son emploi dans le textile pour vivre une année de discernement. Ce sera Solignac, dans l’Ouest de la France, toujours au Verbe de Vie. Au milieu de comparses venus de différents pays, elle découvre mieux encore, «comme un poisson dans l’eau», la prière, l’adoration, les enseignements qui épanchent sa soif profonde.

Pauvretés humaines et spirituelles

Quinze communautaires vivent actuellement à la maison Saint-Dominique sur les hauts de Pensier (FR) | © Le Verbe de Vie

En juin 2000, elle demande à entrer dans la communauté. Confrontée à dilemme: le mariage ou le célibat ? «Eclaire-moi», demande Teresa au Seigneur. Son discernement prend la voie de l’engagement au sein du Verbe de Vie. En renonçant au mariage, elle retrouve la paix intérieure. Un chemin de formation s’ouvre, passant par Rome, Pensier, la Belgique, puis Salvador de Bahia au Brésil. Le dernier volet de cette mission s’achève par un retour en Suisse.

«Au Brésil, la pauvreté matérielle est plus présente», dit Sœur Teresa quand on l’interroge sur les différences entre les deux pays. Dans les quartiers pauvres, les gens n’ont rien mais gardent leur dignité. En Suisse, elle perçoit néanmoins «les pauvretés humaines et spirituelles: les jeunes sans repères, les suicides, etc.».

Le témoignage de la religieuse touche ceux qui viennent l’écouter. Récemment encore, elle a été invitée pour parler devant des jeunes. Car sa jeunesse à elle fut difficile. La séparation de ses parents l’a tiraillée entre la France et le Portugal. Sans perspectives d’avenir, elle vit alors «la tristesse intérieure». L’enchaînement d’expériences difficiles, la fuite en avant pour fuir ses états intérieurs, font d’Isabelle, à 20 ans, un «vrai légume», dit-elle.

Mère Teresa

Le souvenir d’une religieuse enseignante épanouie, au Portugal, l’invitation de sa maman à prier ont eu raison, progressivement, de ses enfermements. «Dieu s’est fait présent dans ma vie» après avoir lancé vers lui son cri : «Si tu es là, fais quelque chose». Chemin de conversion assumé, jusqu’à ce jour de la confirmation, où l’inouï se produit. Sa vie en sera changée.

Son nom de religieuse se réfère à Mère Teresa. Touchée lors de son noviciat par la vie de la sainte de Calcutta, son modèle dans la charité, elle choisit de porter son nom en tant que consacrée. Et il sonne aussi bien en français qu’en portugais. Elle vit dans la communauté une vie de simplicité. La richesse du cœur dans la simplicité d’une vie donnée, l’axe d’une femme qui a trouvé sa voie. (cath.ch/bl)


Le Verbe de Vie à Pensier

La maison St-Dominique, autrefois propriété des religieuses dominicaines, est investie depuis 1993 par la communauté nouvelle du Verbe de Vie. Actuellement, 15 membres de la communauté (religieuses, prêtre, couple, adolescents) y vivent.

Ils animent des temps de prière, des sessions et des retraites pour tous: jeunes, familles, célibataires. Contemplative et missionnaire, la communauté vit en lien étroit avec les responsables pastoraux du diocèse et des diocèses voisins.

Soeur Teresa vit dans la communauté du Verbe de Vie une vie de simplicité | © Bernard Litzler
3 avril 2019 | 16:52
par Bernard Litzler
Temps de lecture : env. 3  min.
Carême (160)
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Carême: le choix de la simplicité

Ils ont renoncé à la carrière, au confort matériel, ou à la modernité pour se concentrer sur «l’essentiel». Alors que beaucoup de chrétiens expérimentent le dépouillement principalement en période de carême, ces personnes en ont fait un choix d’existence. Découvrez de multiples façons de vivre sur le long terme une sobriété volontaire et épanouie.

cath.ch propose, tous les jeudis de la période de carême, du 7 mars au 18 avril 2019, sept portraits de personnes à la simplicité inspirante.


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