Saint Joseph a le bras long
Le 19 mars, l’Eglise célèbre saint Joseph. De nombreux chrétiens l’invoquent dans leurs soucis matériels ou de famille. Florilèges en Suisse romande.
Quand le pape François a des soucis, il glisse un billet sous sa statue de saint Joseph. Au grand saint de prier pour le problème, racontait le pontife lors de son voyage aux Philippines en 2015.
En Suisse romande aussi, des catholiques confient leurs soucis au charpentier et père de famille. Avec des résultats étonnants.
Un camion inattendu
A Epinassey, près de Saint-Maurice (VS), la communauté Eucharistein vit de ce qu’elle reçoit. «Il y a quelques années, on s’est retrouvé franchement à court de produits frais, raconte sœur Delphine, responsable de l’intendance. Mais le jour de la saint Joseph, le 19 mars, en rentrant de la messe, nous avons trouvé un camion des ‘Tables du Rhône’ devant notre porte. Cette association redistribue des invendus. Nous étions très étonnés de les voir là, car le 19 mars est férié en Valais!
En fait, un magasin d’Aigle – donc vaudois – avait appelé l’association pour donner ses invendus. Comme les ‘Tables du Rhône’ n’ont trouvé aucune autre organisation ouverte en Valais ce jour-là, notre chambre froide s’est remplie de légumes, de fruits, de fromage et de charcuterie!»
Etrange machine
«J’ai découvert un jour l’existence de machines à mettre les aliments sous vide, se souvient sœur Delphine. Je n’ai pas écrit ce souhait sur la ›liste saint Joseph’ que nos amis peuvent consulter pour savoir comment nous aider, car on peut très bien vivre sans! Mais j’ai dit à saint Joseph : ›Si tu penses que c’est bien, donne-nous une de ces machines’.
Quelques jours plus tard, une personne est décédée et nous avons débarrassé sa bibliothèque. Il y avait là un petit engin électrique. Nous pensions que c’était un genre de scanner, car on l’a trouvé au milieu des livres. Il a traîné chez nous des semaines sans que personne ne s’y intéresse. J’ai fini par aller voir sur internet ce qu’était cette marque: c’était une machine à mettre les aliments sous vide!»
Pas un distributeur automatique
«Saint Joseph donne parfois, mais pas toujours, remarque sœur Delphine. Pendant toute une période, je lui demandais de la nourriture, mais rien ne venait. C’était troublant. Il restait bien quelques légumes dans la chambre froide, mais ils étaient en train de se gâter. Je ne les cuisinais pas, car ils étaient défraichis et ne suffisaient pas pour toute la communauté.
J’ai finalement pensé qu’il fallait aller voir ces vieux légumes de plus près, trier ce qui restait et mettre de l’ordre dans la chambre froide. Au moment où je donnais le dernier coup de panosse, une camionnette pleine de victuailles est arrivée! Il est gentil, saint Joseph, mais il attend qu’on coopère. Qu’on ne laisse pas se perdre les choses qu’il nous donne.»
Apprendre à partager
«J’ai remarqué que quand on reçoit beaucoup, il faut partager ; sinon, on ne reçoit rien la fois suivante, affirme sœur Delphine. Saint Joseph nous éduque à être généreux nous aussi. Quand il y a un gros arrivage, nous partageons avec des familles dans le besoin ou avec une association.»
Un toit pour le bébé
Une jeune femme enceinte était accueillie à Epinassey il y a quelques années. Les frères et sœurs lui cherchaient un lieu où elle puisse s’installer après la naissance; «Comme on ne trouvait rien, on a écrit une lettre à saint Joseph, raconte sœur Delphine. On lui a dit très clairement nos critères!». Il fallait notamment quelque chose de proche, pour que la communauté puisse continuer à soutenir la jeune femme.
«Quelques semaines avant l’accouchement, on a trouvé un appartement dans le village voisin d’Epinassey. Saint Joseph est spécialiste des femmes enceintes sans logement!»
Un coup de hache délicat
«Nous avons dû abattre un grand peuplier dans notre jardin il y a une dizaine d’années, raconte Claire, jeune septuagénaire lausannoise. Notre voisin se plaignait des feuilles mortes qui tombaient sur sa maison. Cela tendait nos relations déjà difficiles avec lui.
Mon mari s’était mis en tête d’abattre cet arbre tout seul, au motif qu’il avait bûcheronné pendant son école de recrue! Je n’étais pas rassurée. Je suis montée au deuxième étage de notre maison et j’ai installé une icône de saint Joseph en face du peuplier. Non seulement l’arbre est tombé parfaitement droit, mais notre voisin est venu donner un coup de main pour l’ébranchage!»
Un job pour l’architecte
«J’ai perdu mon emploi d’architecte en octobre 2018 suite à une restructuration, confie Mariella Maguiña, 58 ans. A vrai dire, j’étais plutôt contente, car j’avais surtout des contacts avec mon ordinateur et ça me pesait!
Dans mon groupe de prière, à Genève, une amie m’a proposé de faire une neuvaine à saint Joseph. On m’a dit qu’il fallait formuler des critères précis: alors j’ai demandé un travail accessible en transports publics, car je n’aime pas conduire, un bureau qui utilise un programme de dessin que je connaisse et des collègues agréables.
Quelques jours plus tard, j’ai postulé à un poste à l’Etat que j’étais sûre de ne pas avoir. En fait, j’ai été prise! Je me rends au travail en dix minutes à pied, j’ai beaucoup plus d’interactions et mes collègues sont adorables. Pour le remercier, je récite la prière à saint Joseph tous les jours!»
Libéré de la bouteille
«Quand en 1996, on nous a demandé d’accueillir une personne avec des problèmes d’alcool dans notre maison de Venthône, j’ai dit à saint Joseph qu’il allait devoir s’en occuper, se souvient Père Jean-Marie Cettou, frère de la communauté des Béatitudes et curé de la paroisse Sainte-Thérèse, à Lausanne.
De fait, en deux mois, Bernard a été libéré de la bouteille. Cela fait 22 ans qu’il est abstinent. Lui-même a contribué à construire notre chapelle dédiée à saint Joseph; et devant la maison, il a gravé dans la pierre ›Merci saint Joseph’!»
Un mur un peu spécial
«Je me suis beaucoup occupé des chantiers à la communauté de Venthône, où je vis toujours, explique Bernard Dayer, 65 ans, cité plus haut. Je prie saint Joseph chaque fois que j’ai des besoins pour les travaux; la plupart du temps, j’arrive à les réaliser à peu près gratuitement.
Un jour, je devais faire un mur un peu spécial, je ne savais pas comment m’y prendre. J’ai prié saint Joseph et l’idée m’est venue d’un coup, alors que j’étais dans mon lit. Il est toujours très présent dans ma vie. C’est un homme silencieux, mais il parle beaucoup sans rien dire. J’aime rester à l’écouter.»
Maître de vie intérieur
«Beaucoup demandent des grâces à saint Joseph pour les choses matérielles; mais il nous aide avant tout à renouveler nos âmes, renchérit le père Jean-Marie. Pour moi, il est un maître de vie intérieure; ce que Jésus a dit dans sa prédication, ses paraboles, c’est ce qu’il a appris auprès de saint Joseph.» (cath.ch/cmc)