Fribourg: Le FIFF 2019, un autre regard sur le cinéma et le monde
«J’espère que le Festival International de Films de Fribourg (FIFF) trouve sa place parmi les festivals qui comptent pour les cinéphiles», a lancé Mathieu Fleury, président du FIFF, le soir du 15 mars 2019.
En ouverture de la 33e édition de cette rencontre culturelle toujours plus fréquentée, il a dit sa fierté que ce festival, au public jeune, toujours plus large et diversifié, réussisse jusqu’au 23 mars «le joli défi de rassembler plus de spectateurs que la ville de Fribourg ne compte d’habitants».
C’est dans une salle archicomble, à l’Arena 1, que la première citoyenne du pays, Marina Carobbio Guscetti, présidente du Conseil National, a donné le coup d’envoi de cette semaine de projections – plus d’une centaine de films, dont une quarantaine sont des premières mondiales, européennes ou suisses.
Fribourg, «plus cosmopolite, plus diverse et plus belle»
La parlementaire socialiste tessinoise, venue pour la première fois au FIFF, a relevé que, l’espace d’une semaine, avec ces films venus de tous les horizons, Fribourg sera «plus cosmopolite, plus diverse et plus belle». Et de relever que le Festival défend des valeurs de solidarité et d’ouverture aux autres, «des valeurs que je défends dans ma vie politique».
La soirée officielle a vu défiler une belle brochette de personnalités du monde politique: parlementaires fédéraux, membres du gouvernement fribourgeois, autorités communales de la ville de Fribourg, mais également le Tessinois Marco Solari, président du Festival international du film de Locarno, la Fribourgeoise Isabelle Chassot, directrice de l’Office fédéral de la culture, Gilles Marchand, directeur général de la Société suisse de radiodiffusion et télévision SSR, ou encore Pascal Crittin, directeur de la Radio Télévision Suisse RTS.
Ouverture aux autres cultures
Thierry Steiert, syndic de la Ville de Fribourg, a pour sa part souligné que le FIFF apporte, depuis plus de trois décennies, une grande richesse à la ville et un grand rayonnement. A ses yeux, les films peuvent «changer le monde ou, du moins, notre façon de le voir et d’affronter ses défis». Fribourg est aujourd’hui, grâce au FIFF, une ville bien présente sur la cartographie internationale des villes du cinéma».
Saluant l’ouverture du FIFF aux autres cultures, alors que l’autre est souvent perçu comme une menace, Pascal Crittin a également salué la place accordée par le FIFF à la production de cinéma suisse, rappelant qu’un pays a besoin du regard de ses cinéastes. «Il a besoin de la fiction pour partager des histoires communes. Il a besoin du documentaire pour jeter son propre regard sur le monde, ses réalités politiques, sociales et économiques».
Antidote aux préjugés et au racisme
Directeur artistique du FIFF, Thierry Jobin, «notre Orson Welles», comme a plaisanté Mathieu Fleury, a relevé pour sa part relevé que si le FIFF est, parmi les grands festivals suisses, celui qui présente le moins de films – une centaine seulement – c’est un atout en termes de programmation. «Nous sommes obligés d’aller à l’essentiel pour offrir au public ce qu’il attend du FIFF, et qui fait notre spécificité: quelque chose qu’il ne connaît pas encore. Des films sélectionnés sans calcul, avec les tripes et le cœur plutôt qu’avec la tête. Parce que le cinéma qui nous intéresse ne supporte pas la dissimulation, la duplicité, la fausseté. Et ce miroir qu’il nous renvoie fait tomber tout ce dont on se drape: nos petits préjugés, nos petits racismes inavoués, nos petites hypocrisies». JB
De modestes débuts
Du 15 au 23 mars, 105 films de 58 pays différents seront projetés, dont des courts et longs métrages en compétition internationale, en présence de cinéastes du monde entier. Le FIFF a débuté très modestement en 1980 comme «Festival de films du Tiers-Monde», avec le concours d’œuvres d’entraide et d’organisations comme Helvètes, Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain et la Déclaration de Berne.
Entretemps, le FIFF, qui a enregistré 44’000 entrées en 2018, est devenu l’un des «vaisseaux amiraux de la culture fribourgeoise», a souligné son président. Le FIFF représente un antidote efficace contre le danger d’une véritable «monoculture» cinématographique, mais permet plutôt une «mondialisation par le haut» qui refuse que le cinéma ne soit que la consommation de «produits culturels». (cath.ch/be)