Jury œcuménique du FIFF: un pont entre Eglise et Cinéma
Tiziana Conti et Denise F. Spörri-Müller participent toutes deux pour la première fois au Jury œcuménique de l’édition 2019 du Festival International de Films de Fribourg (FIFF), qui se déroule du 15 au 23 mars dans cette «ville de ponts» qu’est la cité des Zähringen. Cath.ch les a rencontrées.
Les deux amoureuses de cinéma explorent, dans les longs métrages de la sélection officielle, la dimension de la responsabilité chrétienne et du progrès humain, l’impact universel, ainsi que l’originalité et la qualité artistique.
La Tessinoise Tiziana Conti, née à Lugano, représente au sein du Jury l’œuvre d’entraide catholique Action de Carême et sa partenaire protestante Pain pour le prochain. Native de Fribourg, Denise F. Spörri-Müller est déléguée par INTERFILM, une organisation internationale fondé en 1955 par des protestants allemands, français, néerlandais et suisses engagés dans l’analyse du cinéma.
Porter un regard chrétien sur les films
En 2013, Tiziana Conti était membre du Jury œcuménique au Festival de Cannes, alors qu’elle travaillait pour Médias-Pro, un service de médias actif au nom des Eglises réformées de Suisse romande. Elle a aussi travaillé pour le Festival de cinéma de Nyon.
«Je suis œcuménique, d’un père catholique et d’une mère protestante… Je me définis comme chrétienne», lâche Tiziana, dans un large sourire. Sa passion pour le cinéma ? «J’ai étudié le cinéma, c’était ma première branche à l’Université de Lausanne, à part la littérature anglaise et américaine et la psychologie. J’ai obtenu un master en lettres dans la discipline ‘Histoire et esthétique du Cinéma’. J’ai souvent fréquenté les Festivals, notamment Locarno, un des meilleurs!»
Le but du Jury œcuménique ? «C’est de porter un regard chrétien sur les films que nous allons voir. Ce sont presque tous des films qui n’ont pas encore été vus par la critique avant le FIFF. Ainsi, nous arrivons sans préjugés, avec des ‘yeux vierges’. On se laisse surprendre. Nous ne venons pas à Fribourg pour porter un regard moralisateur sur les films, mais pour visionner des films qui soulèvent des problématiques actuelles».
Valeurs d’ouverture et de solidarité
«On les regarde avec des critères portant sur l’esthétique, mais également sur les valeurs que défendent nos deux organisations de développement Action de Carême et Pain pour le prochain. Notre prix de 5’000 francs suisses est décerné à la réalisatrice ou au réalisateur dont le film reflète le mieux les valeurs sur lesquelles se fondent ces deux organismes dans leur soutien aux luttes des populations pauvres des pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine.
Psychothérapeute, avec formation aux Universités de Genève et de Zurich, Denise F. Spörri-Müller a exercé dans un cabinet de psychothérapie à Berne pendant plus de 15 ans. Elle a grandi à St-Gall, dans un milieu très protestant. «J’ai reçu ma première bible quand j’avais 7 ans !» Fille de médecin, elle a grandi dans un milieu très académique, imprégné d’art et où la musique tenait une grande place. Elle jouait déjà du piano à 5 ou 6 ans.
Esthétique, spiritualité, sens de la vie
«Le cinéma m’a toujours passionnée: on peut sortir de sa petite vie, découvrir l’esthétique, la spiritualité, le sens de la vie». Denise fréquente les Festival de films de Bienne, Locarno ou Lübeck. Elle a fait partie en 2016 du Jury du Prix Farel, le Festival international du film à thématique religieuse, à Neuchâtel. Pour elle, le cinéma est un «medium» permettant la diffusion de messages métaphoriques et la possibilité donnée à tout un chacun de s’identifier à travers ces images.
«A INTERFILM, nous nous situons dans une perspective œcuménique, par-delà les frontières des confessions, Eglises et religions. Les films qui reçoivent un prix du Jury œcuménique sont de grande qualité artistique et esthétique. Ils mettent en scène une attitude humaine qui correspond aux valeurs de l’Evangile ou stimulent la réflexion de ces valeurs. Les films primés sensibilisent le spectateur pour leurs valeurs spirituelles, sociales et éthiques».
Pour Denise F. Spörri-Müller, les films doivent apporter quelque chose au spectateur, pour le faire réfléchir, dans une dimension éthique et esthétique. «Un bon film doit vous faire penser, comme le tableau d’un peintre». (cath.ch/be)
Le Jury œcuménique du FIFF 2019
Tiziana Conti (Suisse)
Jean-Jacques Cunnac (France)
Jean-Luc Gadreau (France)
Denise F. Spörri-Müller (Suisse)
Le Jury œcuménique est composé par des représentant-e-s des œuvres d’entraide des Eglises et des représentant-e-s de SIGNIS (Organisation Catholique International pour la Communication, www.signis.net) et INTERFILM (Organisation Inter-Eglises pour le Cinéma, www.inter-film.org).