Mercredi, pourquoi des cendres?
Le mercredi des cendres marque l’entrée officielle en carême. Ce jour-là des cendres sont déposées sur le front des fidèles. Cette coutume de se couvrir la tête de cendres est une ancienne pratique pénitentielle qui remonte à la Bible . Ce rite à forte symbolique ne s’est cependant imposé dans la liturgie chrétienne qu’au Moyen-Age.
Dans la Bible, les cendres sont le signe de la tristesse de l’homme devant le malheur. «Me voici pareil à la poussière et à la cendre», crie Job après avoir tout perdu. Tamar, fille de David, »répandit de la cendre sur sa tête» après avoir été violée. «Ô fille de mon peuple, revêts-toi de sac et roule-toi dans la cendre! Prends le deuil», demande Jérémie à Jérusalem, détaille le site croire.com.
Indissociable de la poussière
La cendre est indissociable de la poussière – les traducteurs grecs de la Bible emploient souvent un mot pour l’autre. Dans la Genèse Dieu met en garde Adam: »Tu es poussière, et à la poussière tu retourneras». La cendre est l’état auquel retourne le pécheur qui se détourne de Dieu. C’est donc en se couvrant la tête de cendres que les pécheurs reconnaissent leur état et deviennent des pénitents. Ainsi le roi de Ninive après la prédication de Jonas «se couvrit d’une toile à sac, et s’assit sur la cendre».
Dans la Bible, ce geste de pénitence anticipe aussi la victoire pour qui s’engage à faire confiance à Dieu. C’est le cas pour Judith qui, pour prier Dieu avant de combattre le Babylonien Holopherne, «répandit de la cendre sur sa tête et ne garda que le sac dont elle était vêtue». D’ailleurs, pour Isaïe, le Messie se manifestera en venant «consoler tous ceux qui sont en deuil» et «mettre le diadème sur leur tête au lieu de la cendre».
Le châtiment pour des fautes graves et notables
Aux premiers siècles de l’Eglise, ce rite des cendres n’était pas directement associé au début du Carême. Vers l’an 300, il fut adopté par certaines Eglises locales et intégré au rite d’excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publics de la communauté.
L’Eglise, en organisant aux Ve et VIe siècles la «pénitence publique», choisit la cendre et le ‘sac’ pour marquer le châtiment de ceux qui devaient expier des fautes graves et notoires. Les pénitents se présentaient devant les évêques et les prêtres, confessaient leurs péchés et recevaient un vêtement de cilice imprégné de cendres.
Les pénitents vivaient en marge de leur famille et du reste de la communauté chrétienne pendant les quarante jours du Carême (d’où l’expression de ‘quarantaine’). Cette pratique pénitentielle impliquait généralement de s’abstenir de viande, d’alcool, de bain. Il était également interdit de se faire couper les cheveux, de se raser, d’avoir des relations sexuelles et de gérer ses affaires. Les pénitents devaient se préparer ainsi pour recevoir l’absolution donnée le Jeudi-Saint et pouvoir participer ensuite aux célébrations pascales.
Au Moyen-Age, la dimension personnelle du péché s’impose
Au Moyen-Age, c’est la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public, qui fut objet d’insistance. Par conséquent, les traditions associées au mercredi des cendres furent appliquées à tous les adultes de la paroisse, mais sous une forme mitigée.
Le rite de l’imposition des cendres sur la tête des pénitents, geste d’une grande portée symbolique, se propagea rapidement en Europe. En 1091, le concile de Bénévent (sud de l’Italie) décrèta ainsi que «le mercredi des Cendres, tous les clercs et laïcs, hommes et femmes, recevront les cendres». Au XIIe siècle, ce rite est attesté à Rome, mais ce n’est qu’au siècle suivant que le pape lui-même se soumettra à cette démarche pénitentielle.
Les rameaux brulés
Les pratiques en usage étaient proches à celles que nous connaissons aujourd’hui. Les cendres dont on se sert proviennent de la combustion des rameaux bénits le dimanche des Rameaux de l’année précédente. «L’année dernière, à la fin du Carême, nous étions tous là pour fêter les Rameaux et dire au Christ que nous étions prêts à le suivre jusqu’à la croix, rappelle à Croire.com le Père P. Sébastien Antoni. Et puis ces rameaux que nous avons ramenés chez nous se sont desséchés, comme nos belles résolutions… Ils seront donc brûlés et serviront à marquer sur nos fronts l’entrée dans le temps de pénitence du Carême».
Le rite catholique autorise deux formules pour l’imposition des cendres. A celle de la Genèse «souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière», on peut préférer celle de l’évangile de Marc: «Convertissez-vous et croyez à l’Evangile» qui met en valeur un aspect plus positif du Carême. (cath.ch/croire.com/mp)
Les 40 jours du carême
Le mercredi des cendres inaugure le carême, période de 40 jours, qui prépare à la célébration du mystère de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ. Au début du VIe siècle, alors que le Carême s’est peu à peu mis en place, l’Église a voulu que ce temps préparatoire à la fête de Pâques dure quarante jours.
Comme les dimanches – marqués par la joie de la Résurrection – ne pouvaient être comptés dans cette période de pénitence, il a été décidé que l’entrée en Carême serait avancée au mercredi précédent le premier dimanche. Les quarante jours du Carême nous rappellent non seulement les quarante années de traversée du désert par les Hébreux, mais aussi les quarante jours passés au désert par Jésus.
À Rome, au VIIIe siècle, la première messe du Carême était célébrée par le pape dans la basilique Sainte-Sabine, après une procession sur la colline de l’Aventin, tradition qui a été conservée jusqu’à nos jours. (cath.ch/mp)