Brésil: interdiction pour les prêtres de rester seuls avec des enfants
Les prêtres de tous les diocèses de l’Etat de la Paraíba, au nord-est du Brésil, ne pourront plus rester en compagnie d’enfants, d’adolescents et d’adultes vulnérables sans la présence de leurs parents ou de personnes responsables. Le décret signé par l’archevêque de Paraíba date du 6 février 2019.
Cette mesure fait partie d’un décret signé le 6 février par l’archevêque Mgr Manoel Delson Pedreira da Cruz, la plus haute autorité de l’Eglise catholique de la Paraíba. D’après le prélat, ce décret vise à créer un environnement sûr pour les possibles victimes d’agression sexuelle de la part de religieux et à protéger les enfants et les adultes vulnérables. En janvier, la justice avait condamné l’archevêché à payer 12 millions de réaux (3,22 millions de CHF) pour plusieurs cas d’exploitation sexuelle sur des mineurs par des prêtres.
Le document, évoquant la «prudente tutelle et la protection du clergé, des mineurs et des personnes vulnérables», a été présenté aux prêtres et aux évêques durant une réunion présidée par l’archevêque Mgr Manoel Delson Pedreira da Cruz. Le décret rappelle aux religieux que les abus sexuels à l’égard des enfants, des adolescents et des adultes en situation de vulnérabilité sont des crimes punis par la justice de l’Etat et par la justice canonique.
Selon le prélat, les paroisses ne sont également plus autorisées à offrir un hébergement à des mineurs sans la présence des parents ou de personnes responsables. Les religieux ne sont plus autorisés à recevoir des mineurs, que ce soit «dans la maison paroissiale, la voiture du prêtre ainsi que dans d’autres lieux privés». L’archevêque a également rappelé que la possession de matériel pornographique par des prêtres constitue un délit grave et que les actes pratiqués contre les mineurs ne sont pas moins graves avec le consentement exprimé ou supposé des victimes.
Confession «sécurisée»
Même les services spirituels comme la confession sont concernés par le décret. Ces derniers peuvent être réalisés avec le prêtre dans le confessionnal ou dans des locaux adéquats à l’intérieur des églises «du moment que la sécurité et la visibilité sont garanties». L’archevêque a averti qu’en cas de conduite suspecte, «l’activité pastorale des religieux sera limitée ou suspendue jusqu’à ce que les accusations soient éclaircies».
Mgr Manoel Delson Pedreira da Cruz estime par ailleurs que «face à des cas suspects, l’Eglise doit collaborer avec la justice». Il s’élève contre toute possibilité de couvrir les faits, affirmant que «dans les cas où des religieux sont accusés de violer les droits des mineurs et des adultes vulnérables, l’archevêché doit en être informé le plus rapidement possible».
Orientations du Vatican
Selon le prélat, ces mesures ne doivent pas être le fait de la seule Eglise catholique. Elle doit aussi être étendue à d’autres institutions en contact avec ce type de public. Il a par ailleurs assuré que ce décret n’a pas de lien avec les récentes décisions de la justice. «Nous travaillons sur l’établissement de ces nouvelles règles depuis la fin de l’année dernière à partir des orientations du Vatican», a-t-il assuré. (cath.ch/jcg/cmc)