Le film «Zwingli» montre un visage moins austère du réformateur
Le long métrage «Zwingli», du réalisateur zurichois Stefan Haupt, prochainement sur les écrans suisses, est l’une des productions les plus chères du cinéma helvétique. Le film présente un visage du réformateur moins austère que dans l’imaginaire collectif, explique Charles Martig, directeur du Centre catholique des médias à Zurich (KMZ).
L’adjectif «zwinglisch» n’est pas spécialement positif dans la bouche des Zurichois, rappelle Charles Martig. Le journaliste spécialiste du cinéma explique que les habitants de la ville perçoivent le réformateur, qui a commencé son action en 1519, comme un personnage sévère et austère. Or, le Huldrych Zwingli représenté dans le film, qui sortira en Suisse alémanique le 17 janvier 2019 et en Suisse romande le 27 mars 2019, est un homme ouvert qui ne dédaigne pas les plaisirs de la vie. Une des scènes les plus réussies le montre en train de partager un saucisson pendant le carême, souligne Charles Martig, qui a vu le film en avant-première. On le voit également s’essayer à la musique et jouer avec des enfants.
Un Zwingli moderne
Le long métrage donne ainsi une image globalement positive du réformateur. Le film pointe en effet les abus de l’Eglise catholique dans la société de l’époque et Zwingli apparaît comme un homme ayant à cœur de défendre sa vision de la foi et les droits du peuple contre des autorités souvent iniques. Un point de vue moderne sur le réformateur qui coïncide, selon Charles Martig, avec les dernières recherches historiques sur le personnage. «Et même si les exagérations de l’Eglise à l’époque sont mises en avant, le film évite le manichéisme en montrant des autorités catholiques pas entièrement fermées au dialogue», note le directeur du KMZ.
Point de vue féminin
Avec un budget de près de six millions de francs, Zwingli est l’une des productions cinématographiques suisses les plus chères de tous les temps. Pour Charles Martig, cet argent a cependant été bien utilisé. «Le film rivalise tout à fait avec les grosses productions étrangères, autant au niveau de la dramaturgie que des décors ou des acteurs. Je pense que le spectateur peut se sentir tout à fait transporté dans le Zurich du XVIe siècle».
Le journaliste cinéphile salue également le choix d’adopter partiellement le point de vue de la femme de Zwingli. «La perspective féminine, à une époque où les femmes étaient reléguées au second plan, donne une plus-value au film», assure Charles Martig. Une production qui, pour lui, peut certainement apporter aux catholiques comme aux protestants de Suisse et de l’étranger une plus grande compréhension des événements de la Réforme et de leur portée actuelle. (cath.ch/ag/rz)