Le débat sur le suicide assisté en EMS resurgit en Valais
Le Valais pourrait légiférer sur l’accès au suicide assisté pour les résidents des homes pour personnes âgées. Après avoir déposé en 2016 une motion refusée par le parlement, les députés PLR Sylvie Masserey Anselin et Xavier Mottet relancent le débat dans le cadre de la révision de la loi sur la santé.
Selon une enquête du quotidien valaisan Le Nouvelliste, les demandes de suicide assisté ne cessent d’augmenter en Valais. En 2017, 50 personnes y ont fait appel dans le canton contre 22 en 2015. En parallèle, le nombre de membres valaisans de l’association EXIT est passé de 1’981 personnes en 2015 à 2’577 en 2017.
Le Valais reste cependant très divisé sur la question. La moitié des 52 établissements médico-sociaux (EMS) du canton autorisent le suicide assisté dans leurs murs et l’autre le refuse, a précisé Arnaud Schaller, secrétaire général de l’association des EMS du canton (AVALEMS).
Pour les députés PLR Sylvie Masserey Anselin et Xavier Mottet, il est donc temps de légiférer sur le suicide assisté. «Il est important que tous les résidents aient droit à la liberté individuelle, quel que soit l’EMS où ils logent. La liberté individuelle des personnes doit l’emporter sur la liberté de l’institution», explique Sylvie Masserey Anselin. L’occasion leur est donnée de relancer le débat dans le cadre de la révision de la loi sur la santé, actuellement en discussion en commission parlementaire.
Respecter la liberté individuelle des résidents
«Nous voulons respecter la liberté individuelle de nos résidents. C’est une notion que nous défendons absolument», a expliqué au quotidien valaisan Jean-Michel Bagnoud, directeur de l’EMS Saint-Joseph à Sierre. Il insiste sur les critères nécessaires pour pouvoir faire appel à une association telle qu’EXIT. «Il faut que la personne soit atteinte d’une maladie incurable et ait sa capacité de discernement.»
Le home sierrois organise des débriefings avec les soignants, avant et après l’acte. Si l’un des soignants est totalement réfractaire à l’accompagnement au suicide, il ne travaillera pas ce jour-là. Cependant, le personnel est préparé à la fin de vie. «C’est une notion à laquelle on est souvent confrontés dans un EMS», note Jean-Michel Bagnoud. Pour lui, il est essentiel de ne pas entrer dans le jugement. «Nous travaillons beaucoup sur cet aspect-là au quotidien. Quand on défend la valeur du respect, on doit aller jusqu’au bout.»
Le home est un lieu de vie
Au home Saint-Sylve, à Vex, le suicide assisté est inconcevable: »On considère que le home est un lieu de vie. On privilégie donc un accompagnement de la vie jusqu’à la mort naturelle», explique son directeur Philippe Genoud. Les résidents voulant terminer leur vie par ce moyen doivent sortir du home pour passer à l’acte ultime. «C’est une manière aussi de prendre sa responsabilité. Car il faut rappeler que l’acte du suicide est terrible. C’est une question éthique».
Une seule personne a émis le souhait de faire appel à une association comme EXIT au home de Vex. «Elle a contacté l’association, puis nous en avons parlé avec elle et évoqué les soins palliatifs. C’est la solution qu’elle a finalement choisie», confie-t-il au Nouvelliste. Le directeur reconnaît que, pour le résident, le home est devenu sa maison, donc un lieu où il pourrait exercer sa liberté individuelle. «Mais c’est un lieu collectif aussi. Il faut être conscient qu’un acte comme le suicide assisté peut choquer les autres résidents et les soignants.»
Philippe Genoud craint aussi une banalisation de l’acte. «Dans notre société, les personnes âgées sont de plus en plus perçues comme une charge. Elles le ressentent et sont peut-être poussées à se donner la mort pour alléger la vie de leurs proches.» (cath.ch/nv/mp)
Les Vaudois ont accepté l’assistance au suicide en EMS en 2012
En 2012, une majorité de citoyens vaudois a accepté le contre-projet du Conseil d’Etat, à une intitiative d’EXIT autorisant l’assistance au suicide en EMS.
Déposée en 2009 avec 14’000 signatures, l’initiative d’Exit demandait que les résidents d’EMS recevant des subventions publiques puissent solliciter l’assistance au suicide. Le contre-projet instaure des limites précises à l’intervention des associations d’assistance au suicide dans les EMS et hôpitaux: pour avoir recours au suicide assisté, une personne doit avoir sa capacité de discernement, persister dans sa demande, être atteinte d’une maladie grave et incurable et être informée de l’existence de solutions alternatives, comme les soins palliatifs. (cath.ch/mp)