Le cardinal Müller soutient les prêtres qui refusent la communion aux protestants
Le débat concernant la possibilité pour les protestants de recevoir la communion fait toujours rage au sein du clergé allemand. Suite à une déclaration de Mgr Felix Genn, évêque de Münster, en faveur de l’intercommunion, le cardinal Gerhard Ludwig Müller a soutenu l’idée que les prêtres pouvaient désobéir à leur évêque en refusant la communion aux non catholiques.
En février 2018, les évêques allemands ont approuvé aux trois quarts un texte visant à favoriser la communion eucharistique pour les protestants mariés à un catholique. Mais sept évêques s’y sont opposés, en en appelant au Saint-Siège. Le 3 mai, Mgr Luis Ladaria, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a reçu à Rome une délégation des évêques allemands, leur demandant de trouver une position si possible unanime. Dans un courrier du 25 mai, le prélat romain a estimé que le document n’était pas «mûr» et que les dicastères compétents apporteraient prochainement une «clarification».
Interrogé dans l’avion de retour de Suisse, le 21 juin 2018, le pape François avait relevé que le document des évêques allemands posait problème, car «une chose approuvée par une conférence épiscopale devient immédiatement universelle».
Désobéissance autorisée
Mgr Genn a exprimé, fin novembre 2018, son soutien aux directives de la Conférence épiscopale allemande, rapporte le site internet catholique américain LifeSiteNews. En présentant le document à son diocèse, l’évêque de Münster a déclaré: «En tant qu’agents pastoraux, nous ne possédons pas le droit de permettre ou de refuser l’accès à l’Eucharistie. Le refus de la Sainte Communion est strictement incompatible [avec notre fonction]».
Le cardinal Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), a directement répondu à cette déclaration. Il a affirmé que «la décision de recevoir la Sainte Communion ne peut être laissée à la conscience du catholique ou du chrétien non catholique». L’ancien évêque de Ratisbonne a également souligné que, dans un tel cas, un prêtre pouvait légitimement désobéir à un ordre de son évêque.
La communion, seulement pour les catholiques?
Dans une interview ultérieure à LifeSiteNews, Mgr Müller assure que «si les évêques exigeaient [de leurs prêtres] d’obéir à des violations de la loi naturelle et à de faux enseignements dans des questions doctrinales et morales, ils saperaient leur autorité». Il réaffirme à cette occasion qu’il existe des situations où un prêtre doit résister à son évêque, comme saint Paul a résisté à saint Pierre. «Malheureusement, tous nos pasteurs ne sont pas de la trempe de saint Paul», a ajouté Mgr Müller. Il a assuré qu’un prêtre ne pouvait jamais être obligé de donner la communion à un non catholique. Il serait au contraire obligé de refuser de violer «la sacramentalité de l’Eglise». Pour le cardinal allemand, l’eucharistie ne peut «être validement reçue que par un chrétien baptisé qui se tient en pleine communion avec l’Eglise catholique dans sa doctrine, ses sacrements, le pape et les évêques».
La source de ces «erreurs» est pour lui la «sécularisation» de l’Eglise. «Dans ce domaine, les catégories politiques de ‘moderne’ et de ‘conservateur’ biaisent la différenciation des alternatives orthodoxes et hérétiques, lorsqu’on présente et qu’on défend la foi catholique», affirme le préfet émérite de la CDF. (cath.ch/lifesite/rz)