Certains pays appliquent encore massivement la peine capitale | © Thomas Hawk/Flickr/CC BY-NC 2.0
Vatican

Pape François: la peine de mort est «contraire à l’Evangile»

La peine de mort doit faire l’objet d’un moratoire dans les pays où elle est toujours légale, exhorte le pape François le 17 décembre 2018. Il s’exprimait dans un discours remis à une délégation de la Commission internationale contre la peine de mort reçue en audience au Vatican.

Pour l’évêque de Rome, la vie humaine doit être protégée en toute circonstance, «sans exception». La peine de mort, châtiment «cruel», est «contraire à l’Evangile», car la vie est «toujours sacrée» aux yeux de Dieu. C’est pourquoi le pontife a demandé de modifier la rédaction du n.2267 du Catéchisme de l’Eglise catholique (CEC), qui énonce désormais que la peine de mort est «inadmissible». Une modification qui selon le pape n’implique aucune contradiction avec l’enseignement passé, car l’Eglise a toujours défendu la dignité de la vie humaine.

Appel à un moratoire

Cette nouvelle formulation du CEC démontre également que l’Eglise s’engage de façon déterminée pour l’abolition de la peine de mort. Dans son discours, le pape François invite ainsi les pays où la peine de mort est légale mais plus appliquée d’adopter un moratoire sur les sentences. Quant à ceux qui appliquent encore la peine capitale, le pontife – conscient des «processus politiques complexes» – les appelle à toujours la réduire. Par exemple en l’interdisant pour les personnes mineures, handicapées mentalement, ou les femmes enceintes. Ce sont des «objectifs minimums», a-t-il insisté.

Le chef de l’Eglise catholique ne s’oppose toutefois pas seulement à la peine capitale, mais également aux condamnations à perpétuité. C’est une forme de peine de mort «cachée», dénonce-t-il. Le Seigneur, affirme-t-il, «attend toujours le retour du fils». Ainsi, «on ne peut enlever à personne ni la vie ni l’espérance de rédemption et de réconciliation avec la société», plaide le pontife en sollicitant un engagement international pour cette cause.

Une «éthique du soin»

L’objectif, estime-t-il, est que la justice allie la protection des droits individuels à une «éthique du soin». Il s’agit de considérer chaque cas concret dans sa spécificité. C’est une justice qui est «tant père que mère», en élaborant des sentences qui comprennent la souffrance des personnes impliquées et trouvent des solutions qui n’approfondissent pas ces maux.

Déjà réclamée par les prédécesseurs du pape François, l’abolition de la peine de mort est de plus en plus présente dans les revendications du Saint-Siège sur la scène internationale. En abolissant la peine capitale, l’humanité refuserait de «succomber au désespoir», soutenait par exemple Mgr Paul Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats, à la 73e session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York le 24 septembre 2018.

La peine de mort est légalement prévue dans 92 pays, mais seuls 56 l’appliquent réellement. La Chine, l’Iran et l’Arabie Saoudite sont de loin les pays qui y ont le plus recours. (cath.ch/imedia/xln/rz)

Certains pays appliquent encore massivement la peine capitale | © Thomas Hawk/Flickr/CC BY-NC 2.0
17 décembre 2018 | 14:47
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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