Evangile de dimanche: «Préparez les chemins du Seigneur»
Telle est l’exhortation que Jean Baptiste adresse inlassablement à ses auditeurs dans la région du Jourdain. En reprenant les paroles du prophète Isaïe, il invite ceux qui l’écoutent à changer de cœur, à renoncer à leurs enfermements, à leurs replis sur soi ainsi qu’à tout choix qui détruit l’humanité en nous.
Et voilà qu’il fait surgir un immense chantier bien inattendu de la part de celui qui se caractérise plus par les traits de l’ascétisme que par la force physique. Pourtant, il s’agit de combler des ravins, de redresser des routes, d’aplanir montagnes et collines. Et ce projet étonnant ne concerne pas seulement les personnes vivant au temps d’Hérode. Elles sont adressées à chacun de nous personnellement. Le temps de l’Avent est celui qui permet de raviver notre vie spirituelle, de nous remettre en route, c’est-à-dire à l’écoute de celui est capable de nous faire entrer dans pareil chantier qui conduit à la vie.
La conversion ne se décide pas. Elle est d’abord rencontre. Le rôle de Jean le Baptiste est de nous éveiller à Celui qui vient, au Tout Autre qui est présent qui ne cesse de nous rejoindre là où nous sommes. Lui seul a le pouvoir de nous éveiller pour nous transformer sans que nous devions renier ce que nous sommes. Lui seul a le pouvoir de nous faire entrer pleinement dans notre irremplaçable personnalité. Sans cette rencontre nous nous égarons dans les dédales de nos routes, dans les profondeurs des ravins ou à l’assaut de montagnes infranchissables.
Jean, le fils de Zacharie, fait appel au discernement que décrit saint Paul. Il nous appelle à entrer dans la connaissance de l’amour qui n’est pas une connaissance intellectuelle ou émotionnelle, mais la co-naissance, celle qui naît de l’amour de l’Autre et nous conduit à l’amour du Tout Autre et de notre prochain. C’est cela se mettre en route, une route jamais achevée. Jusqu’à notre dernier souffle nous avons à entrer dans cette connaissance qui est discernement, au sens, à la fois, de découverte et de tri entre ce qui me conduit à la vie et ce qui est mortifère pour moi.
Se convertir et grandir, être «purs et irréprochables» (Ph 1, 10), ce n’est pas vivre hors de la réalité dans une vie rêvée, mais c’est s’affronter au réel, au quotidien et à son lot d’épreuves, de souffrances, de travail, de maladie. C’est n’avoir qu’une seule ligne de conduite qui consiste à aimer de tout notre cœur le Seigneur. Alors, Lui aplanira toute montagne et colline, et tout ce qui nous semblait jusque-là insurmontable. Il sera la lumière de nos pas au milieu des ténèbres. En effet, dans l’incarnation du Fils, «la lumière de la gloire de Dieu» (Ba 5, 9) prend un visage d’homme: Jésus manifeste le visage compatissant de Dieu sur l’humanité. Le Père en se révélant en son Fils a voulu révéler aussi ses lettres de noblesse à l’humanité et nous rendre responsables et capables de «discerner ce qui est important» (Ph 1, 10) pour nous faire vivre et nous humaniser.
Chantal Reynier | Le 7 décembre 2018
Lc 3, 1-6
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère,
Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée,
Hérode étant alors au pouvoir en Galilée,
son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide,
Lysanias en Abilène,
les grands prêtres étant Hanne et Caïphe,
la parole de Dieu fut adressée dans le désert
à Jean, le fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain,
en proclamant un baptême de conversion
pour le pardon des péchés,
comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète :
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux deviendront droits,
les chemins rocailleux seront aplanis ;
et tout être vivant verra le salut de Dieu.
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