Cardinal Becciu: Les martyrs d’Algérie sont restés «fidèles à l’Eglise, comme au peuple algérien»

Le cardinal Giovanni Angelo Becciu, préfet du Dicastère pour la cause des saints, présidera la cérémonie de béatification des martyrs d’Algérie le 8 décembre prochain à Oran. Ces 19 martyrs – 16 Français, deux Espagnoles et un Belge – ont été tués entre 1994 et 1996, au cours de la guerre civile algérienne entre le gouvernement et des groupes islamistes. Le haut prélat se réjouit de cette béatification qui honore la fidélité envers le peuple algérien dont a fait preuve chacun des martyrs.

Quel est le sens précis de la béatification des martyrs d’Algérie?
Il s’agit d’honorer et de louer des hommes et des femmes qui ont eu le courage de vivre d’une manière radicale et totale l’Evangile. Ensuite, c’est aussi de reconnaître que les martyrs d’Algérie ont eu le courage de rester fidèles à l’Eglise, comme au peuple algérien jusqu’à leur mort. Un martyre qu’aucun d’entre eux n’avaient prévu mais qu’ils ont choisi de vivre en demeurant sur place, envers et contre tout. Cela m’a beaucoup frappé : on pense qu’ils restaient là pour défendre leur communauté. Mais il n’en est rien! Ils aimaient simplement la terre algérienne, les gens, le peuple auprès duquel ils vivaient.

A-t-il été question que le pape François se déplace à Oran pour la béatification?
Non, car le pontife ne se déplace jamais pour des béatifications. Il préside les canonisations, à Rome. Pour les béatifications, il délègue son représentant. Jean Paul II avait l’habitude de célébrer presque toutes les béatifications à Rome. Mais avec Benoît XVI les choses ont changé, le pontife allemand préférait les déléguer. Le pape François a choisi de poursuivre cette manière de faire.

Comment va se dérouler la cérémonie?
Comme toute béatification, il y aura la messe qui commencera par une cérémonie spécifique avec la proclamation officielle. Je prononcerai alors le décret du pape par lequel il déclare leur béatification. Les autorités musulmanes seront présentes, elles auront une place d’honneur. Je les rencontrerai ensuite en privé, tout comme les autorités politiques. Je leur transmettrai de la part de l’Eglise une volonté de dialogue et d’amitié. Nous sommes là pour servir et aimer ceux que nous rencontrons.

N’avez-vous pas peur d’être manipulé par les autorités algériennes, alors que les chrétiens sont encore stigmatisés dans le pays?
Ce risque existe, mais l’Eglise n’est pas si naïve. Elle trouvera la manière de ne pas se laisser instrumentaliser. Avec les autorités, nous nous contenterons d’insister sur les aspects positifs d’un tel événement, dans le respect.

Vous rappelez-vous le jour où vous avez appris l’assassinat des moines de Tibhirine?
Oui, le 21 mai [date de l’annonce de leur assassinat dans un communiqué attribué au GIA – Groupe islamique armé, ndlr] j’étais à la nonciature à Paris. Je me souviens à quel point les Français avaient été choqués par cette nouvelle. J’ai moi-même participé à une procession religieuse en leur honneur dans les rues de Paris. (cath.ch/imedia/ah/rz)