Iran, le pessimisme de l'archevêque
La dernière salve des «sanctions» américaines contre l’Iran, ciblant deux secteurs-clés, l’énergie et le secteur bancaire iranien, est désormais entrée en vigueur et va faire mal… à la grande satisfaction des potentats de la région, Arabie saoudite en tête, avec l’Israélien Netanyahou en embuscade.
«Tout le monde va souffrir et souffre déjà, chrétiens comme musulmans. Les gens subissent l’effondrement de la monnaie, le renchérissement des produits de première nécessité: beaucoup ne peuvent plus faire face. Le chômage augmente, la pauvreté augmente, et cela risque de faire croître la criminalité, simplement pour de raisons de survie… Les gens réagissent, manifestent contre la vie chère, mais cela ne donne rien, car le régime tient bon. Il garde le contrôle de la situation et réduit au silence les contestataires», confie Mgr Ramzi Garmou, l’archevêque chaldéen de la capitale Téhéran.
Les «sanctions» de Trump touchent avant tout les pauvres, pas le régime…
De passage en Suisse à l’occasion de la Journée nationale pour les chrétiens persécutés et discriminés organisée par «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED-ACN), il est pessimiste: ceux qui le peuvent cherchent à quitter le pays, surtout les jeunes diplômés qui n’entrevoient pas la fin du tunnel, alors qu’ils avaient espéré que le pays allait s’ouvrir davantage et améliorer le niveau de la population après la signature de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien.
Cet accord, signé le 14 juillet 2015 par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies — Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni, auxquels s’ajoute l’Allemagne, ainsi que l’Union européenne et l’Iran, a été déchiré par un pays qui l’avait pourtant ratifié. Cet accord-cadre avait pour but de contrôler le programme nucléaire iranien et de faire lever les sanctions économiques qui touchaient le pays.
Cet espoir a été ruiné par les Etats-Unis, qui ne sont plus un partenaire fiable au plan international depuis que Trump gesticule à la Maison Blanche et n’hésite pas à recourir au chantage, même avec ses alliés. Les sociétés occidentales, qui s’étaient ruées sur un marché iranien prometteur, se retirent du pays, sous peine de subir les foudres de Washington. Par peur de se voir exclues du marché américain, elles plient l’échine devant l’arrogance de l’Oncle Sam. C’est notamment le cas de Total, PSA, Daimler, Airbus, ENI, etc. Dans leur volonté de mettre l’Iran à genoux, pour complaire à leurs alliés israéliens et wahhabites, les Etats-Unis risquent de pousser les Iraniens dans les bras des conservateurs, qui souhaitent sortir de l’accord sur le nucléaire, avec un risque d’embrasement régional.
Jacques Berset | 08.11.2018
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