Six membres d'une même famille sont morts dans l'attentat | DR
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Egypte: Les Coptes enterrent leurs morts après l'attaque

Des centaines de chrétiens égyptiens ont assisté samedi 3 novembre 2018 à l’enterrement de six victimes coptes de l’attentat perpétrée par des militants de l’Etat islamique.

La cérémonie à l’église Prince Tadros dans la ville centrale de Minya s’est déroulée sous sécurité renforcée. Anba Makarios, le plus haut ecclésiastique de Minya, a présidé la prière devant une rangée de six cercueils blancs, tous de la même famille. Des funérailles distinctes ont eu lieu pour la septième victime, le chauffeur d’autobus.

Les proches des victimes pleuraient et se soutenaient mutuellement, indique l’agence de presse AP. Certains reposaient la tête sur les cercueils et pleuraient. Une liste des noms des victimes publiée par l’église indique qu’un garçon de 15 ans et une fille de 12 ans faisaient partie des personnes décédées. Dix-neuf ont été blessés dans l’attaque, selon l’église.

Attaque contre trois bus

Aida Shehata, qui a reçu une balle dans les jambes, a dit que des hommes masqués ont ouvert le feu sur trois bus venant de différentes directions. Deux des bus ont pu s’éloigner à toute vitesse et atteindre le monastère, mais les militants ont arrêté le troisième et tué le conducteur et six des passagers, dont son mari et son frère.

«Le chauffeur a essayé d’aller au monastère mais les militants étaient plus rapides», a déclaré Shehata à une chaîne de télévision copte.

Un affilié de l’État islamique basé dans la péninsule résurgente du nord du Sinaï a revendiqué l’attaque, la qualifiant de vengeance pour l’emprisonnement de «nos chastes sœurs», sans plus de détails.

L’Etat islamique a ciblé à plusieurs reprises les chrétiens égyptiens pour les «punir» de leur soutien à el-Sissi, qui a dirigé la destitution par l’armée en 2013 d’un président islamiste élu mais contesté.

La nation attaquée

El-Sissi, qui a fait de la sécurité l’une de ses principales priorités depuis son arrivée au pouvoir en 2014, a écrit sur son compte Twitter que l’attentat de vendredi était destiné à nuire au «tissu solide de la nation» et s’est engagé à continuer à lutter contre le terrorisme. Il a ensuite offert ses condoléances lorsqu’il s’est entretenu par téléphone avec le pape Tawadros II, chef spirituel des chrétiens orthodoxes d’Égypte et proche allié du président.

L’attaque de vendredi a été la deuxième en autant d’années à cibler les pèlerins se rendant au monastère Saint-Samuel le Confesseur, ce qui indique que les mesures de sécurité mises en place depuis lors sont insuffisantes. L’attaque précédente, en mai 2017, avait fait près de 30 morts. Depuis décembre 2016, l’Etat islamique a également ciblé des églises chrétiennes avec une série d’attentats-suicides à la bombe qui ont tué des dizaines de personnes.

Ces attaques ont renforcé la sécurité autour des lieux de culte chrétiens et des installations liées aux églises, où des détecteurs de métaux et des policiers armés sont régulièrement déployés. Ils ont également souligné la vulnérabilité des chrétiens minoritaires dans ce pays conservateur à majorité musulmane.

Les chrétiens égyptiens, qui représentent environ 10 % des 100 millions d’habitants du pays, se plaignent depuis longtemps de discrimination. Les activistes chrétiens affirment que l’alliance de l’Eglise avec el-Sissi a offert à l’ancienne communauté une certaine protection, mais que la violence sectaire continue de sévir de temps à autre, en particulier dans les zones les plus pauvres et les plus rurales.

Six membres d'une même famille sont morts dans l'attentat | DR
4 novembre 2018 | 16:27
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture : env. 2  min.
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