Liberté de pensée: prime à la Belgique et aux Pays-Bas
La Belgique et les Pays-Bas sont en tête des pays ayant une approche pluraliste du sécularisme. Aucune discrimination systématique à l’égard des non-croyants n’existe dans ces pays, note l’Index de la liberté de pensée publié dans l’édition 2018 du Freedom of Thought Report de l’Union Humaniste et Ethique internationale.
Bien que ces deux pays aient des racines chrétiennes profondes, les non-croyants n’y sont confrontés à aucune discrimination systématique. Tant en Belgique qu’aux Pays-Bas, il existe une protection ou un recours juridique pour tout incident relevant de pratiques discriminatoires.
Ces deux voisins européens ont adopté une approche pluraliste de la laïcité, l’Etat gardant une attitude neutre à l’égard de la religion ou des convictions. Tel est le bilan 2018 du The Freedom of Thought Report (Rapport sur la liberté de pensée), publié par l’Union Humaniste et Ethique Internationale (IHEU), l’organisation mondiale des organisations humanistes, athées et laïques. Ce rapport a été présenté lors de l’assemblée générale des Nations Unies à New York où l’IHEU bénéficie d’un statut consultatif au Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC).
Le trio de tête du rapport est complété par Taiwan et suivi un peu plus loin par la France et le Japon.
Les pays attentatoires à la liberté de pensée
Les systèmes pluralistes actuellement en place ne signifient pas qu’il n’y a pas de religion dans la vie publique. Par ailleurs, le classement établi ne signifie pas qu’il n’y a pas de forces religieuses conservatrices ni d’autres problèmes sociaux dans les pays concernés, indique le rapport. Mais le texte relève que les non-croyants ne sont confrontés à aucune discrimination systématique documentée.
Par contre, note le texte de l’IHEU, parmi les pays les plus attentatoires à la libre pensée, figurent de nombreux pays musulmans, notamment l’Arabie saoudite, le Pakistan, l’Iran, le Soudan, la Malaisie, la Mauritanie, les Emirats Arabes Unis, les Maldives, l’Afghanistan et Brunei.
Des Etats à prédominance musulmane, comme le Burkina Faso et le Sénégal, selon les critères du rapport, «fonctionnent relativement bien», notamment parce que dans ces deux pays en particulier, prédominent des systèmes juridiques hérités avant tout de l’époque de la colonisation de la France laïque et pas de l’islam.
La pensée athée, terrorisme en Arabie saoudite
Le Freedom of Thought Report de l’IHEU classifie les 196 Etats du monde par la manière dont ils traitent les athées, les humanistes et les non-croyants. Pour ce faire, l’organisme s’est basé sur quatre thèmes: «constitution et autorités», «éducation et droits des enfants», «société, communauté, famille et justice» et «liberté d’expression et valeurs humaines».
L’Arabie saoudite a introduit une loi en vertu de laquelle «la promotion de la pensée athée sous quelque forme que ce soit» est qualifiée de terrorisme. Le Soudan a, de son côté, poursuivi de nombreux apostats. En 2017, le Pakistan a connu une répression «anti-blasphème» et des attaques violentes sur les médias sociaux contre les athées et les «blasphémateurs» supposés, soumis également aux violences de foules fanatisées. Et la Mauritanie a aggravé cette année la peine de mort pour «apostasie» et «blasphème» et a supprimé le droit à la «repentance», révèle le rapport.
Aux Etats-Unis, la liberté religieuse détournée
Le rapport sur la liberté de pensée met également en lumière la situation spécifique des Etats-Unis où être chrétien ne signifie pas toujours forcément être tolérant, et où la notion de liberté religieuse peut être détournée comme un droit de réclamer un privilège, de dominer et de discriminer.
Une telle notion de la liberté religieuse s’éloigne de l’esprit de l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, selon lequel «toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites».
Pour l’IHEU, il existe un danger de voir cette forme étroite, exclusive de la liberté religieuse dominante aux Etats-Unis s’exporter ailleurs dans le monde. (cath.ch/iheu/be)