La Commission de sécurité rejette l'initiative antimusulmane de l'UDC
Par 15 voix contre 9, la Commission de la politique de sécurité du Conseil national propose à la Chambre basse du parlement fédéral de ne pas donner suite à l’initiative parlementaire antimusulmane de Jean-Luc Addor. Il veut exclure la possibilité d’engager des aumôniers musulmans dans l’armée suisse.
Le conseiller national UDC valaisan veut compléter la loi fédérale sur l’armée (LAAM) par une disposition précisant que l’assistance spirituelle mise à la disposition des militaires est confiée exclusivement à des aumôniers protestants, catholiques romains et catholiques chrétiens. Les musulmans, les juifs et les autres religions en seraient de jure exclus.
Dans son argumentation, Addor se fait alarmiste: «Pensons en outre au risque que la présence d’éventuels aumôniers musulmans transforme notre armée en un foyer de prosélytisme islamique, voire de recrutement de soldats du djihad», écrit-il.
Droit constitutionnel de la liberté de religion
La majorité de la commission estime qu’il n’y a pas lieu de prendre des mesures législatives, selon un communiqué du Parlement fédéral du 30 octobre 2018. La commission rappelle en outre le droit constitutionnel de la liberté de religion et souligne que les militaires ont droit à une prise en charge spirituelle par des aumôniers indépendamment de leurs croyances.
Une minorité de la commission fait état des problèmes potentiels qui pourraient à l’avenir survenir en raison de l’augmentation des militaires musulmans, estimant que la législation actuelle est lacunaire à cet égard. Pour clarifier la situation, il y a lieu selon elle de modifier la loi.
Pour leur part, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) et la Plateforme des Juifs Libéraux de Suisse (PJLS) voient dans l’initiative antimusulmane de Jean-Luc Addor «une violation de la liberté religieuse et de la liberté de choix qui doivent prévaloir pour l’aumônerie de l’armée».
Pour l’UDC, «il n’y a pas d’islam modéré»
L’UDC dénonce à tous crins «la cécité de nos pouvoirs publics sur le thème de l’islam». Sur son site, dans l’article «Islam et Etat, l’irréconciliable», l’UDC ne cache pas son hostilité envers cette communauté religieuse, affirmant que «l’idée que l’on peut séculariser l’islam est une chimère». Pour le parti nationaliste, «il n’y a pas d’islam modéré».
«L’islam ne peut pas être sécularisé puisqu’il est déjà un modèle de gouvernement et de société théocratique au travers de la Charia, la loi islamique. Certaines de ses normes sont d’ailleurs totalement incompatibles avec les droits humains, notamment en ce qui concerne la liberté d’expression, la liberté de croyance et la liberté des femmes». L’UDC prétend être le seul parti «qui lutte contre les dérives amenées par les futures multiples demandes de reconnaissances de l’islam qui vont à coup sûr arriver en Suisse». (cath.ch/be)