Un Suisse sur dix croit au paradis et à l'enfer | © Cathy McGray/Flickr/CC By-NC-ND 2.0
Suisse

10% des Suisses croient au paradis et à l'enfer

Si une moitié des Suisses croient à une survivance après la mort, ils ne sont que 10% à souscrire à la vision chrétienne traditionnelle de l’enfer et du paradis. Telle est l’une des conclusions d’une enquête publiée le 29 octobre 2018 par le mensuel évangélique suisse Christianisme Aujourd’hui.

35% des Suisses pensent qu’il n’y a rien après la mort. 10% estiment que «nous irons soit en enfer, soit au paradis». Les autres personnes interrogées par l’institut Link, basé à Lausanne, mentionnent des formes alternatives de survivance, soit la réincarnation dans une autre créature (9%), ou encore l’accès à un monde parallèle sans Dieu (7%). 5% pensent en outre que tout le monde ira au paradis. 17% émettent d’autres formes de croyances et 17 autres pourcent se déclarent sans avis.

Les personnes âgées moins «croyantes» que les jeunes

Le sociologue des religions suisse Olivier Favre analyse ces résultats dans un dossier spécial publié dans l’édition de novembre 2018 du Christianisme Aujourd’hui. Il n’est pas surpris par le décalage important entre la proportion de la population qui se reconnaît dans la foi chrétienne (46%) et celle qui demeure convaincue que le scénario du paradis et de l’enfer nous attend (10%). Pour lui, les 10% en question correspondent aux 10 à 15% de chrétiens pratiquants.

L’étude, qui portait sur un échantillon de 1’052 personnes âgées entre 15 et 79 ans, de Suisse alémanique et romande, montre également que les hommes sont moins enclins que les femmes à croire à une vie après la mort (50% des hommes pensent qu’il n’y a rien, contre 30% des femmes). Les chiffres sont identiques entre les sexes en ce qui concerne la croyance dans le paradis et à l’enfer. Des différences apparaissent surtout au niveau des générations. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les personnes âgées sont plus enclines à penser qu’il n’y a rien après la mort. Les trentenaires et quadragénaires sont les plus prompts à imaginer une vie dans l’au-delà.

Maîtriser sa mort?

A noter que les résultats suisses détonent un peu avec ceux d’autres pays. Une autre étude a révélé que seuls 39% des Français croyaient à une vie après la mort (50% en Suisse). Mais qu’ils étaient par contre 35% à croire au paradis (contre 10% en Suisse).

Selon le magazine évangélique, l’évolution de ces croyances n’est pas sans effet sur l’acceptation du suicide assisté. Le théologien et président de la Commission d’éthique protestante évangélique française Luc Olekhnovitch affirme que «moins l’individu s’en remet à Dieu pour sa vie et sa mort, plus il veut tout maîtriser, y compris sa mort«.

Cette évolution constitue-t-elle une menace pour la foi chrétienne? Le théologien évangélique Claude Baecher n’y croit pas: «Ce qui se passe après la mort n’est pas le point central de la révélation chrétienne». Selon lui, «la proposition gracieuse d’une transformation morale ici et maintenant, par le Christ et son amour, est plus importante, même si celle-ci aura des répercussions sur la vie dans le ‘monde à venir’». (cath.ch/com/rz)

Un Suisse sur dix croit au paradis et à l'enfer | © Cathy McGray/Flickr/CC By-NC-ND 2.0
31 octobre 2018 | 16:10
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Mort (89)
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