Sénégal: la cathédrale de Kaolack profanée par un individu hostile au christianisme
La cathédrale Saint-Théophile de Kaolack, au sud de Dakar, a été profanée à plusieurs reprises entre les 17 et 24 octobre 2018. Un individu traitant les catholiques de «païens» a saccagé des objets de cultes et brisé quatre statues. De tels actes antichrétiens ne sont pas fréquents dans ce pays majoritairement musulman.
«Vous êtes des païens, vous n’avez pas le droit d’être là. C’est une mosquée qui doit être construite à la place de cette église», a-t-il lancé lors de ses forfaits. Au Sénégal, pays où existe une très bonne cohabitation islamo-chrétienne, l’affaire est prise très au sérieux. Ce sacrilège a été dénoncé jusqu’au plus haut sommet de l’Etat sénégalais, un pays tolérant qui compte plus de 90% de musulmans et une minorité chrétienne de plus de 5% de la population.
Ces saccages interviennent alors que ce diocèse du centre du Sénégal se prépare à l’installation de son nouvel évêque, Mgr Martin Boucar Tine, nommé en juillet dernier.
Un acte rare au Sénégal
La profanation de lieux de cultes chrétiens à l’intérieur du Sénégal, un pays de 13 millions d’habitants, est un acte rare. L’islam et le christianisme y cohabitent pacifiquement et les incidents d’ordre confessionnels sont plutôt exceptionnels. Les relations entre musulmans et chrétiens sont telles que les adeptes des deux religions partagent tout lors des fêtes religieuses. Dans certaines localités, telle que Ziguinchor, chef-lieu de la Casamance, au sud, musulmans et chrétiens partagent le même cimetière.
En l’espace d’une semaine, la cathédrale saint-Théophile a fait l’objet d’attaques et de destructions d’objets de cultes répétées. L’auteur des faits a été une première fois appréhendé par la police, mais relâché aussitôt. Il est revenu ensuite pour commettre à nouveau de tels actes, a indiqué l’abbé Raphaël Ndiaye, curé de la cathédrale.
Des agressions à répétition
Le 17 octobre dernier, le profanateur s’est introduit dans l’enceinte de la cathédrale, puis a commencé à saccager les tableaux d’affichage des annonces paroissiales, les statues à l’entrée de l’église et les stations du chemin de croix.
Le 18 octobre, en milieu de journée, l’auteur est revenu sur les lieux, profitant de l’ouverture des portes. Il a pu y pénétrer pour détruire, «de manière violente» d’autres objets de cultes, renversant ainsi le bénitier, s’en prenant à nouveau au chemin de croix, sans toutefois être inquiété. Le 19 octobre, en fin de matinée, pour la troisième fois, il est revenu à la cathédrale pour commettre d’autres actes. Il a été maîtrisé et remis à la police, qui l’a libéré plus tard, indiquant qu’il était déficient mental.
Qualifié de «malade mental»
Mercredi 24 octobre, peu avant l’aube (5h30), il a été de nouveau surpris par le curé, en train de vandaliser deux statues qui étaient à l’intérieur de l’église. Il a été maîtrisé une nouvelle fois par le curé, le vigile et par le vicaire, l’abbé Robert Diémé.
Joint au téléphone depuis Dakar par le correspondant de cath.ch, l’abbé Raphaël Ndiaye a confirmé les faits, ajoutant que le reste est entre les mains des autorités. Pour sa part, le ministre sénégalais de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a assuré à la presse que ses services suivaient de près ce dossier, soulignant que c’était «un acte isolé, imputé à un déficient mental».
Liens de parenté entre musulmans et chrétiens
«Le gouvernement condamne cet acte, mais dans ce cas, c’est une personne qui ne jouit pas de toutes ces facultés mentales», a-t-il déclaré à la presse à Touba, en marge de l’inauguration d’un nouveau commissariat de police le 27 octobre.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes se demandent pourquoi cette personne qualifiée de «malade mental» a pris pour cible la seule cathédrale, alors qu’il y a beaucoup d’autres statues dans la ville de Kaolack. Sur les mêmes sites, de nombreux musulmans ont présenté leurs excuses aux catholiques, regrettant ces «actes de folie».
«Il ne faut surtout pas oublier que le Sénégal fait partie des rares pays [musulmans] où existent une harmonie familiale et même des liens de parenté entre musulmans et chrétiens. Donc, ne vous laissez pas embrouiller par ces ignorants, ces mécréants qui tentent de salir l’image et la relation qu’on a toujours eue», écrit Khadija Nael, sur la page Facebook de la cathédrale.
Pour Mohamed Diaby Doukouré, un autre internaute, «l’auteur de ces horribles actes n’est certainement pas un vrai musulman. Je voudrais présenter mes excuses à la communauté chrétienne pour cet être sans scrupule». (cath.ch/ibc/be)
http://www.conferencepiscopale.org/index.php/cesmcvgb/senegal/diocese-de-kaolack