Le pape et les cardinaux lors du consistoire d'octobre 2014 | © Flickr/Mazur/catholicnews.org.uk/CC BY-NC-SA 2.0
International

Un groupe américain veut établir des dossiers sur les cardinaux électeurs

Un nouveau groupe laïc américain, plutôt remonté contre le pape François et soutenu par de riches catholiques, veut établir d’ici avril 2020 un rapport sur les cardinaux électeurs. L’audit devrait permettre de découvrir tous les cardinaux accusés de manière crédible d’abus ou de dissimulation d’abus.

Il prévoit que les dépenses de la première année du projet s’élèveront à environ 1,1 million de dollars.

Boursier à l’Université d’Oxford, musulman converti au catholicisme en 2015, Jacob Imam est directeur du groupe Better Church Governance (BCG) (meilleure gouvernance de l’Eglise). Il affirme que «les cardinaux doivent être tenus de rendre des comptes publiquement, ainsi il doit y avoir une sorte de culture de la honte (…)  Ils savent que s’ils votent pour cette personne… les gens qu’ils dirigent et leurs pasteurs, le sauront.»

Un gros budget et des enquêteurs venant du FBI

«Projet phare» du groupe, le BCG veut publier un rapport sur les cardinaux intitulé «Red Hat Report» – Rapport barrette rouge –, qui vise à vérifier le profil des 124 électeurs actuels d’un futur pape. Les organisateurs affirment qu’il sera dirigé par une équipe de près de 100 chercheurs, universitaires, enquêteurs et journalistes, dans le but de «tenir la hiérarchie de l’Eglise catholique responsable des abus et de la corruption, et de développer et soutenir l’honnêteté, la clarté et la fidélité dans la gouvernance ecclésiale».

Il s’agit notamment de se pencher sur leur gestion des cas d’abus sexuels. Le rapport veut examiner à fond tous les membres du Collège des cardinaux, «pour nommer ceux qui sont accusés de façon crédible dans les scandales, les abus ou les dissimulations». Dix anciens enquêteurs du FBI sont censés œuvrer à cette tâche.

«Notre but est de promouvoir la transparence, l’honnêteté et la responsabilité à l’intérieur des structures de l’Eglise», a souligné Philip Nielsen, en charge de la rédaction de ce rapport.

Attaques contre le cardinal Parolin

Dans un courrier électronique censé rester confidentiel, Philip Nielsen explique plus précisément la démarche: le but est de faire des recherches sur les cardinaux «à la manière d’une recherche d’opposition politique». Il cite notamment le cas du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican, qu’il qualifie de «honte pour l’Eglise» et de «très corrompu».

Interrogé par le journal américain National Catholic Reporter, Philip Nielsen est partiellement revenu sur ses propos, affirmant qu’ils illustraient son «biais personnel au moment de l’écriture».

Une volonté d’influencer le conclave ?

Selon lui, il aurait désormais une «compréhension plus complète» du bras-droit du pape François. «Notre mission, poursuit-il, ne devrait rien avoir à faire avec une influence sur un quelconque conclave».

Malgré ce démenti, l’hebdomadaire catholique britannique The Tablet rapporte toutefois qu’une des diapositives du diaporama de présentation de cette activité était intitulée: ›Si nous avions eu le Red Hat Report, nous n’aurions peut-être pas eu le pape François’.

Dans la Constitution apostolique Universi Dominici gregis (1996) organisant la vacance du Siège apostolique et le conclave, le pape Jean Paul II interdit «toutes formes d’ingérences, d’oppositions, de désirs, par lesquels les autorités civiles de quelque ordre et de quelque degré que ce soit, ou n’importe quel groupe ou des individus voudraient s’immiscer dans l’élection du pontife». (cath.ch/imedia/xln/be)

Le pape et les cardinaux lors du consistoire d'octobre 2014 | © Flickr/Mazur/catholicnews.org.uk/CC BY-NC-SA 2.0
4 octobre 2018 | 11:55
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!