La revue 'choisir' s'interroge sur la place des femmes en Eglise
La place des femmes dans l’Eglise est le thème central de la dernière livraison de la revue des Choisir des jésuites de Suisse romande. Entre éviction du sacerdoce, subordination ou sexisme bienveillant, l’Église semble parfois oublier qu’elles font son présent, et qu’elles seront certainement son avenir.
Le deuxième dossier est consacré à l’évolution de l’accompagnement spirituel. Les tourments de l’âme s’abordent-ils de la même manière que les questions psychologiques ou organisationnelles? Comment s’y retrouver dans la jungle des propositions?
Second rôles, les femmes
«La femme est un diable très perfectionné» disait Victor Hugo (Le Roi s’amuse, 1832). Ce à quoi Mark Twain ajoutait ironiquement : «La femme est une des plus belles institutions de ce bas monde !» (Les droits de la femme, 1907). Et Simone de Beauvoir de marteler : «La femme n’est ni une chose ni une servante» (Le deuxième sexe, 1949).
Et l’Église, que dit-elle ? «Ses propos qui cherchent à valoriser «le rôle spécifique des femmes dans l’Église» dissimulent en réalité ce que le droit canon a institué: leur éviction du sacerdoce et leur subordination», affirment Agnès de Préville et Sabine Sauret dans En finir avec le sexisme bienveillant. Du coup, note François Marxer, «n’ayant que peu ou pas accès au pouvoir magistériel ou clérical, les femmes ont développé, dans le champ théologique, un langage, une logique de l’expérience qui a produit les plus beaux fleurons de l’écriture mystique». Les choses doivent changer, il en va de la survie même de l’Église ! Stefan Kiechle sj souligne le rôle que pourraient jouer les femmes contre La disparition de l’eucharistie, et Véronique Lecaros montre comment le déclin des communautés religieuses féminines d’Amérique latine, dont on sous-estime le rôle social, met en danger la transmissions des valeurs de l’Église.
Lectures féministes de la Bible
Alors, les lectures féministes de la Bible peuvent-elles améliorer le statut des femmes dans les institutions religieuses? Certes, mais en partie seulement, explique Isabelle Graesslé, tant la Bible elle-même semble paradoxale. Et si on s’approchait de l’évangile apocryphe de Marie pour «appréhender la place des femmes dans le christianisme primitif et revoir la question théologique de la sexualité ? propose Jean-Yves Leloup. Nos Églises pourraient aussi s’inspirer d’autres courants religieux, comme celui des quakers qui a toujours traité hommes et femmes à égalité, jusque dans la présidence des célébrations.
Les religions, évidemment, n’ont pas l’exclusivité de la discrimination positive. En Égypte, le gouvernement, pensant bien faire, a créé un village pour femmes «déshéritées», qui est vite passé du statut de tremplin vers l’autonomie à celui de cache-misère (Eleonora Vio).
Un art, l’accompagnement spirituel
Les coachs sont partout (Eugène), mais les tourments de l’âme s’abordent-ils de la même manière que les questionnements de nature psychologique ou organisationnelle ? Le fait que l’on parle d’»accompagnement spirituel» indique que ce n’est pas le cas. Comment s’y retrouver alors dans la jungle des propositions et des traditions spirituelles ? Pour y voir plus clair, choisir a confié les pages de ce dossier à des spécialistes de l’accompagnement. Parmi eux, des jésuites, dont l’efficacité de la pédagogie spirituelle qui repose sur la pratique des Exercices spirituels n’est plus à démontrer : Dominique Salin sj décortique les grandes lignes de cette méthode et de son évolution, soulignant que son succès dépend pour beaucoup aussi du charisme du passeur ; Luc Ruedin sj, spécialiste des voies contemplatives orientales, explique ce qui rapproche et éloigne celles-ci des pratiques jésuites ; Bernard Senécal sj, maître Sŏn en Corée du Sud, décrit le parcours très exigeant requis pour devenir un maître de méditation dans l’esprit du Chan.
On pourra aussi lire les articles de la neuroscientifique Lia Antico, qui témoigne de son chemin entre Exercices spirituels et méditation de pleine conscience, et de Jacques Besson, superviseur des aumôniers romands en psychiatrie, qui délimite les frontières entre accompagnement spirituel et thérapeutique. Enfin Beat Altenbach sj, membre du groupe d’experts «Abus sexuels dans le contexte ecclésial» de la Conférence des évêques suisses, démontre comment chaque abus sexuel est aussi une blessure spirituelle qui demande pour guérir un suivi particulier. Un sujet actuel très sensible. (cath.ch/com/mp)