Pays baltes: le pape entre dévotion mariale, œcuménisme et histoire
Du 22 au 25 septembre 2018, le pape François se rendra en voyage apostolique dans les trois pays baltes. Il visitera à cette occasion des sanctuaires mariaux, des lieux marquant la réalité œcuménique, mais aussi des symboles de l’histoire douloureuse de ces pays qui célèbrent le centenaire de leur indépendance.
Au premier jour de sa visite dans les pays baltes, le pape se rendra dans le sanctuaire de la Mère de la miséricorde. Il s’agit d’une chapelle située au-dessus d’une porte des anciennes fortifications de Vilnius (Lituanie). A l’intérieur, se trouve une icône de la Sainte Vierge, dont seuls les mains et le visage sont visibles. Le reste de la peinture a été recouvert de décorations en métal, rendant difficile sa datation.
L’existence de cette icône est attestée à partir de la seconde moitié du 16e siècle. En 1761, un moine recense pas moins de 17 miracles qui lui sont attribués. En 1702, la porte située sous la chapelle se serait ainsi mystérieusement refermée sur des envahisseurs suédois protestants, les blessant mortellement. Ces miracles témoignent d’une importante dévotion envers l’icône, dont des copies sont présentes dans plusieurs pays – notamment dans une chapelle des grottes vaticanes.
Des liens avec le pape
En 1773, le pape Clément XIV a concédé l’indulgence aux fidèles se recueillant devant l’image, faisant de la chapelle un lieu de pèlerinage. En 1927, Pie XI autorise son couronnement sous le vocable de ›Mère de la miséricorde’. Enfin en 1993, lors de sa visite dans le pays, le pape Jean Paul II avait déjà visité la chapelle.
Un autre sanctuaire marial sera visité par le pape argentin au cours de ses quatre jours de visite : celui de la Mère de Dieu, à Aglona, en Lettonie. La basilique, plus grand édifice catholique du pays, renferme, elle aussi, une icône de la Vierge à laquelle des miracles sont attribués.
Depuis plus de 200 ans, la basilique de ce sanctuaire attire des dizaines de milliers de pèlerins pour l’Assomption, le 15 août. Il s’agit d’ailleurs de l’un des huit sanctuaires reconnus comme internationaux par le Saint-Siège. En 1993, 300.000 personnes s’y sont réunies pour une messe célébrée par le pape Jean Paul II.
Des lieux de visite œcuméniques
Le pape François se rendra également dans deux édifices d’une autre confession chrétienne au cours de ce voyage qui aura ainsi une forte dimension œcuménique. Le 24 septembre, il se rendra ainsi au Dôme de Riga (Lettonie), cathédrale protestante de la ville. Construite au 13e siècle, d’abord catholique et désormais luthérienne, il s’agit d’un des plus importants monuments médiévaux de la région.
Le 25 septembre, c’est un autre lieu de culte évangélique-luthérien qui accueillera le pape, l’église Charles de Tallinn (Estonie). Dans ce bâtiment du 19e siècle, de style néo-roman en imitation des cathédrales d’Europe de l’Ouest, aura lieu une rencontre avec des jeunes de différentes confessions chrétiennes.
Hommage à l’histoire des pays baltes
Organisé notamment à l’occasion du 100e anniversaire de l’indépendance des pays baltes vis-à-vis de la Russie, ce voyage apostolique sera également l’occasion de rendre hommage à leur histoire. Le 23 septembre en fin de journée, à Vilnius l’évêque de Rome se rendra ainsi au Musée des occupations et des luttes pour la liberté, pour une visite et une prière.
Installé dans les anciens bâtiments du KGB, la police politique de l’URSS, ce musée retrace les répressions subies par les Lituaniens entre 1940 et 1990, tant par les nazis que par les communistes. La population juive a notamment été quasiment exterminée – plus de 95% des Juifs lituaniens ont été tués entre 1940 et 1945. Dans ce bâtiment, des procès arbitraires et expéditifs se sont déroulés, se soldant parfois par des condamnations à mort. La victime était alors enterrée en secret dans les caves.
A Riga le 24 septembre, le pape déposera des fleurs devant le Monument de la liberté et y suivra une cérémonie. Haut de 42 mètres, sous forme d’une colonne surmontée d’une allégorie de la liberté, ce monument a été construit en hommage aux morts de la Guerre d’indépendance (1918-1920). Entre 1944 et 1991, sous la domination soviétique, il était interdit d’y déposer des fleurs, sous peine de graves sanctions.
Le 14 juin 1987, 5.000 Lettons bravent toutefois l’interdit et se rassemblent au pied du monument. Cet affront pacifique au pouvoir en place marque le début d’un mouvement indépendantiste d’ampleur, qui rassemblera jusqu’à 25% des habitants du pays dans la rue. Le 4 mai 1990, quelques jours après la Lituanie et l’Estonie, la Lettonie retrouvera de nouveau son indépendance. (cath.ch/imedia/xln/bh)