Une église copte en Egypte. (photo: Flickr/D. Perries/CC BY-NC-ND 2.0)
International

Egypte: l’évêque Makarios refuse une session de réconciliation

L’évêque Makarios, métropolite copte orthodoxe de Minya et Abu Qurqas, en Egypte, a rejeté la proposition d’une réconciliation entre représentants des communautés chrétiennes et musulmanes. Elle devait faire suite aux violences ayant récemment impliqué la population d’un village de la province de Minya, au sud du Caire.

L’évêque copte orthodoxe a expliqué que de telles cérémonies ont souvent l’effet de saboter la sauvegarde légitime et nécessaire des droits des citoyens chrétiens, rapporte l’agence vaticane Fides le 11 septembre 2018. En effet, après de telles sessions de réconciliation, les responsables de violences ne sont pas présentés à la justice et leurs délits ne sont pas punis.

Application de la loi nécessaire

Face aux épisodes de violence sectaire, l’évêque Makarios a plutôt invoqué l’urgence d’appliquer avec fermeté la loi qui régit les principes de pleine égalité de tous les citoyens égyptiens comme l’a indiqué à plusieurs reprises le président égyptien, Abdel Fattah al Sisi.

Ces derniers jours, les représentants de groupes coptes avaient eux aussi exprimé leur refus d’un traditionnel acte de réconciliation public et communautaire dans le cas des récentes violences perpétrées à l’encontre de chrétiens coptes à Demshaw Hashem, à 250 km au sud du Caire. Ils ont fait remarquer que de semblables séances publiques finissent par alimenter chez les groupes islamistes violents la conviction que leurs actes demeurent impunis.

Attaque de maisons de chrétiens

Dans ce village, la police avait procédé à l’arrestation de 19 personnes reconnues coupables d’avoir attaqué les maisons de chrétiens coptes, sous le prétexte que ces derniers s’étaient réunis pour prier dans une église construite de manière abusive, sans les permis nécessaires, et n’ayant pas encore été régularisée par les autorités administratives.

Les rencontres de réconciliation sont des rassemblements publics promus par les autorités locales afin de permettre une confrontation entre les membres des différentes communautés religieuses. Elles font suite à des actes de violence sectaires et sont appuyés en particulier par la Maison de la Famille égyptienne, organisme de liaison interreligieux mis en place depuis quelques années pour prévenir et mitiger les oppositions sectaires.

Déjà par le passé, diverses organisations ont contesté l’efficacité de cette pratique qui, selon ses détracteurs, se transforme en un simple rite conventionnel et finit par garantir l’impunité aux responsables d’actes violents. (cath.ch/fides/mde/bh)


Eglises: difficile obtention du permis de construire  

La violence sectaire en Égypte est souvent déclenchée par des différends liés à la construction d’églises, analyse le site Middle east eye. En Egypte, même si 215 églises ont été régularisées en mai dernier par les autorités égyptiennes, des lois restrictives rendent pratiquement impossible, dans certaines régions, l’obtention d’un permis pour construire une église. Cet état de fait amène de nombreuses communautés coptes à utiliser des bâtiments résidentiels comme lieux de culte pour contourner ces lois. Le village de Demshaw Hashem, qui a connu l’attaque la plus récente, est l’un des 150 villages à forte population chrétienne qui est privé d’église.

«Typiquement, les coptes dans les villages soumettent des demandes de construction d’église aux organismes officiels après avoir satisfait à toutes les conditions requises. Mais ces demandes sont gelées en raison des objections de l’appareil de sécurité ou en conséquence de l’hostilité d’habitants du coin opposés à la construction d’une église», a déclaré l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR) dans son rapport intitulé Closed on Security Grounds.

Dans des endroits comme le village de Demshaw Hashem, les habitants coptes cherchant à assister à des services religieux sont contraints de parcourir de longues distances pour rejoindre l’église la plus proche. Dans certains cas, ils sont empêchés d’entrer dans ces villes par leurs résidents musulmans.

Une église copte en Egypte. (photo: Flickr/D. Perries/CC BY-NC-ND 2.0)
11 septembre 2018 | 15:29
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 2  min.
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