Egypte: un moine défroqué a avoué le meurtre de l'Abbé du monastère Saint-Macaire

Un moine défroqué a été inculpé pour le meurtre de l’évêque copte-orthodoxe Anba Epiphanios, Père abbé de Saint Macaire, au Wadi Natroun, un monastère où vivent 130 moines coptes dans le désert occidental de l’Egypte.

Le corps sans vie de l’Abbé a été retrouvé le 29 juillet 2018 dans le monastère situé à moins de 100 km au nord-ouest du Caire. L’évêque copte baignait dans son sang et portait une grave blessure à la tête. Il a été tué alors qu’il se rendait de sa cellule à la chapelle, afin de prier les matines avec sa communauté, avant la messe dominicale.

Une conspiration parmi les moines

Un procureur d’Alexandrie a ordonné la détention du moine Faltaous El-Makary pour avoir «conspiré avec d’autres» afin d’assassiner l’évêque Epiphanios, selon l’agence de presse égyptienne officielle MENA. Faltaous Al-Makary a tenté de se suicider en s’ouvrant les veines et en sautant d’un bâtiment. Le moine de 33 ans est en état d’arrestation à l’hôpital. Il a avoué avoir aidé le meurtrier, l’ancien moine Isaiah Al-Makary. Ce dernier a pour sa part avoué son crime dimanche 12 août. Selon la presse égyptienne, il a lui aussi tenté de se suicider en avalant du poison.

Après une enquête minutieuse et plus de 400 interrogatoires menés avec les moines, les ouvriers et les familiers du monastère, la police égyptienne a finalement inculpé Wael Saad Tawadros, ancien moine du couvent, dont le nom en religion était Isaiah Al-Makary. Le moine défroqué a confessé avoir tué Anba Epiphanios à l’aide d’une barre de fer.

«Pas en accord avec les principes du monachisme»

L’ancien moine était déjà sous le coup d’une mesure d’expulsion du monastère, approuvée par le pape copte orthodoxe Tawadros II, relève l’agence d’information vaticane Fides. Selon un communiqué du Patriarcat copte orthodoxe d’Alexandrie, l’attitude de l’ancien moine n’était «pas en accord avec les principes du monachisme». Il lui avait été demandé en conséquence de rendre son habit monastique et de «se repentir pour le salut de son âme». Selon plusieurs informations concordantes, Wael Saad Tawadros était depuis quelques mois en conflit avec le Père abbé du monastère Saint Macaire. Dans un premier temps, l’Eglise copte-orthodoxe avait nié le fait que ces sanctions aient un quelconque lien avec la mort d’Anba Epiphanios.

Agé de 64 ans, originaire de Tanta, diplômé en médecine, Anba Epiphanios est entré au monastère de Saint Macaire en 1984, où il sera ordonné prêtre en 2002. Chercheur et érudit, il avait travaillé à la traduction du grec à l’arabe de divers livres des Saintes Ecritures. Le 3 février 2013, les moines vivant à Saint-Macaire l’avaient élu supérieur du monastère. Anba Epiphanios avait également noué des relations privilégiées avec des fidèles et des communautés monastiques catholiques.

L’Eglise copte bouleversée

Son assassinat a bouleversé l’Eglise copte d’Egypte. Pour le »jeûne de Marie» qui précède la grande fête de la Dormition, les coptes sont invités à prier en particulier pour Tawadros II, le défunt Anba Epiphanios, et tous les monastères du pays. Ces derniers font d’ailleurs l’objet d’une profonde restructuration. Le 3 août dernier, le Comité pour les Monastères du Saint Synode copte orthodoxe a ainsi édicté une douzaine de règles visant à préserver la discipline monastique, après avoir observé un certain relâchement en la matière.

Parmi ces mesures: l’interdiction pour les moines de recevoir des donations personnelles de fidèles, une meilleure règlementation de l’accès aux monastères pour les visiteurs et pèlerins, la suspension pour 1 an de l’ordination de nouveaux moines. Enfin, autre mesure symbolique: les moines et moniales sont priés de fermer leurs comptes sur les réseaux sociaux. Le pape Tawadros II a d’ailleurs lui-même donné l’exemple en annonçant le premier la fermeture de ses comptes Facebook et Twitter, suivis par de nombreux fidèles. (cath.ch/mena/alahram/fides/be)

 

 

 

 

Anba Epiphanios, Père abbé de Saint Macaire, au Wadi Natroun | Capture d'écran
13 août 2018 | 09:56
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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