Les servants d'autel de Suisse célèbrent avec le pape
Plus de 60’000 enfants de choeur de 18 pays, dont plus de 300 jeunes de Suisse, ont rencontré le pape François à Rome, le 31 juillet 2018. Il s’agissait du point d’orgue du 12ème Pèlerinage international des servants d’autel.
La Place Saint-Pierre à Rome. Un lieu que Remo Abächerli connaît depuis son enfance par les retransmissions télévisées des audiences des papes et les bénédictions Urbi et Orbi. L’enfant de chœur de Wilen (TG) se demandait alors toujours: «Que se passe-t-il derrière ces murs épais?», ou «De quoi est fait le quotidien du pape?». Remo aime cet endroit, qui est pour lui la plus belle vitrine de l’Eglise universelle.
Sur le chemin des vêpres avec le pape, il s’émerveille de la diversité des langues, des cultures et des styles vestimentaires qu’il croise devant les colonnes du Bernin. Remo, l’un des 300 enfants de chœur de Suisse qui se sont rendus à Rome, est à présent entouré d’évêques avec leurs larges ceintures violettes, de servants d’autel brandissant leurs drapeaux nationaux colorés, au milieu des nuées de pigeons prenant leur envol. Il ferme les yeux pour ressentir pleinement l’émotion de cet instant.
Le pape en chair et en os
Le jeune Thurgovien est malgré tout très nerveux. Dans quelques heures, avec des milliers d’autres enfants de chœur, il pourra pour la première fois voir le pape François en chair et en os. «C’est le point culminant de cette rencontre internationale. C’est pour cela que nous avons fait ce long chemin jusqu’ici», commente-t-il. Il passe alors, comme tous les autres, devant les stands d’objets de dévotion qui garnissent l’entrée du sanctuaire de Saint-Pierre. Sa main effleure des crucifix dorés et des rosaires placés dans de petites boîtes. D’innombrables effigies du pape François lui sourient sur les bougies, cartes et autres affiches. C’est que le quartier autour du Vatican est un univers à part entière. Dans les cafés alentour, des hommes d’affaires romains sirotent leur expresso en regardant avec étonnement la file des jeunes se préparant à entrer sur la célèbre place.
Le groupe passe les contrôles de sécurité au niveau des portiques latéraux. La basilique Saint-Pierre se reflète, en ce jour ensoleillé, dans les multiples lunettes de soleil aux couleurs vives. Remo arrive enfin sur la place ellipsoïdale au milieu de laquelle trône l’obélisque.
«Je suis pèlerin à vos côtés»
La cérémonie doit commencer vers 18h. Les servants d’autel voient soudain les gardes suisses, avec leurs casques hémisphériques en métal, s’agiter devant le «Portone di Bronzo». C’est que le pape François est arrivé.
La foule jubile, crie, agite des drapeaux alors que le pape salue de tous côtés sur sa papamobile. Avec ses toutes premières paroles, il conquiert déjà le cœur des jeunes. «Je suis pèlerin à vos côtés, vous qui venez de nombreux pays», déclare le pape en guise de salut aux près de 60’000 enfants de chœur.
«Ce pape est une véritable rockstar», souligne Beat Grögli. Le prêtre de la cathédrale de Saint-Gall, qui accompagne les jeunes à Rome, s’est levé et et applaudit en rythme.
Alors que la foule s’apaise, le pape François remercie les enfants de chœur d’être d’humbles et tranquilles assistants du prêtre lors des messes. Marcel Troxler d’Urswil (LU), Caroline Gilgen de Wuppenau (TG) et Benedikt Arndgen de Lachen (SZ), qui ont pu servir lors de la célébration du pape, sont particulièrement émus. Des enfants de chœur italiens leur ont dit que derrière l’un de ces murs épais se trouve la sacristie papale. Dans les placards sont conservées de précieuses soutanes, des mitres et des crosses, portées par les différents papes.
Une immense mosaïque
Dans la seconde partie du programme, le pape François répond aux questions des servants de messe. Les interrogateurs reflètent bien l’aspect international de la rencontre. Les jeunes qui s’expriment viennent d’Allemagne, du Luxembourg, du Portugal, de Serbie ou encore d’Antigua et Barbuda. Ils sont autorisés à se tenir debout devant le pape, assis sous un immense baldaquin blanc. Le pontife fait preuve d’une vivacité impressionnante. Lorsqu’on lui demande pourquoi la foi lui est si importante, il répond qu’elle est pour lui comme l’air qu’il respire et qu’elle l’aide à comprendre le sens de la vie.
Trempés mais heureux
Un intermède musical donne au pontife l’occasion de faire une pause. Le refrain du chant officiel du pèlerinage retentit à travers la Place: «Cherche la paix. Pour la gloire de Dieu, pour ton salut!» Le pape François se balance et bat la mesure. Face au pontife de 81 ans, s’agite une mer de drapeaux, de foulards et de t-shirts de toutes les couleurs. La place Saint-Pierre ressemble à une immense mosaïque.
Le pape peut aussi voir comment la police romaine rafraîchit la foule à l’aide d’un puissant jet d’eau. Trempés, les servants d’autel continuent néanmoins de chanter et de danser.
«J’aime ce mélange particulier de pèlerinage et de vacances, et les nombreuses expériences de communauté que cela nous apporte», relève Nicola de Bamberg (Allemagne) à propos du Pèlerinage international, qui a lieu tous les quatre ans depuis 1962. «C’est une expérience tout simplement géniale, avec une ambiance très spéciale», ajoute le jeune Allemand.
«La paix commence par les petites choses»
Les vêpres sur la Place Saint-Pierre se déroulent dans une atmosphère plus contemplative. Un saxophone émet des notes apaisantes, alors qu’une soliste du chœur du pèlerinage «Peace Seekers» (chercheurs de paix) chante le Psaume 34 en allemand. La phrase «J’ai cherché le Seigneur et il m’a répondu» résonne au-dessus des colonnades.
Le pape François donne ensuite ses réflexions sur la devise de cette rencontre «Cherchez la paix, poursuivez la». «Nous sommes unis dans la foi en Jésus, rappelle le pontife. Nous cheminons avec celui qui est notre paix». Mais comment la paix peut-elle réussir? Pour le pape, elle commence «par les petites choses».
«Rappelez-vous, plus vous vous donnez aux autres, plus vous serez heureux! Peu importe qu’il s’agisse d’un ami ou d’un inconnu, d’un compatriote ou d’un étranger. Croyez-moi, grâce à cet effort, vous pouvez vraiment devenir saints et changer le monde!» Pour l’évêque de Rome, les jeunes peuvent être «des apôtres qui conduisent les autres à Jésus». Pour cela, cependant, il est nécessaire d’avoir une foi puissante, a souligné le pontife, une foi «qui vous porte».
La fête des «Minis»
Pour Mgr Ladislav Nemet, président de l’Association internationale des servants d’autel (CIM), le pape François est lui-même un porteur de paix. «Nous savons tout ce que vous faites pour la paix dans ce monde. Nous admirons vos efforts courageux et toujours concrets «, déclare l’évêque de Zrenjanin, en Serbie.
Après le temps de prière avec le pape, les servants d’autel continuent à échanger. Ils s’assoient par terre sur la Place Saint-Pierre ou se retrouvent dans les cafés de l’autre côté de la rue autour d’une glace. «Je prépare toujours l’encens. Et vous? «J’apporte le vin et l’eau» – «Que pensez-vous du pape François?»
Ils évoquent également leurs visites aux catacombes, au Cirque Maxime ou au Forum. Ils échangent ensuite les foulards et les pins attachés à leurs bracelets. C’est leur fête à eux que les «Minis», comme on les appellent en allemand, célèbrent ce jour-là avec le pape François. (cath.ch/vr/kath/rz)