Mali: les églises s'engagent pour une élection pacifique
Les Eglises chrétiennes du Mali ont appelé les candidats à la présidentielle à s’engager dans une élection pacifique. Dans un contexte tendu, elles ont également mis en place différentes initiative en vue d’éviter les violences.
Plus de 8,4 millions de maliens des deux sexes se rendront aux urnes le 29 juillet 2018, pour choisir parmi 12 candidats, celui qui dirigera le pays pendant les cinq prochaines années. Le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, élu en 2013, dans un contexte de violences islamistes qui secoue le pays depuis mars 2012, et dont le mandat de cinq ans est arrivé à expiration, est candidat à sa propre succession.
Observateurs catholiques
Dans ce contexte, l’Eglise catholique du Mali déploiera une équipe d’observateurs électoraux de 513 membres à travers tout le pays. »Les maliens n’ont qu’une seule ambition: celle de la paix, a affirmé le Cardinal Jean Zerbo, archevêque de Bamako. Nous ne devons pas perdre notre culture, facteur de cohésion sociale et nos liens de fraternité au profit de la politique», a-t-il ajouté à l’occasion «journée citoyenne» des Eglises chrétiennes du Mali, le 23 juillet dernier.
«Que chacun prenne conscience de ce qui se passe au cœur profond des maliens, au regard de ce qu’ils ont souffert. Que d’orphelins, que de veuves, que de personnes âgées sans assistance dans notre pays, a déploré le cardinal. Nous pensons à tous ceux que nous avons perdu: les porteurs d’uniformes, les civils, les commerçants, les voyageurs, depuis 2012».
Pour le Révérend Infa Yattara, représentant de l’Association des groupements des Eglises et missions protestantes du Mali, «des prières ne peuvent être exaucées dans la discorde, la violence, la colère, la méchanceté, la haine, le mensonge, et dans la tricherie . Le bonheur ne se trouve que dans la paix».
«Exercer le pouvoir de vote»
De son côté, Caritas Mali, sous l’impulsion de la Conférence épiscopale, a organisé les 12 et 13 juillet dernier à Bamako, la capitale, un atelier de «renforcement de capacité» de plus de 250 formateurs en observation et supervision électorales. Cet atelier entrait dans le cadre de l’accompagnement de Caritas-Mali au processus électoral. Il visait aussi à améliorer la gouvernance au Mali.
Dans une lettre pastorale du 9 mai 2018, la Conférence épiscopale du Mali de son côté a exhorté les maliens à «éviter de voter en suivant la consigne de quelqu’un d’autre, car la consigne de vote infantilise». Il faut exercer le pouvoir de vote, de façon éclairée. Pour ce faire, il est important, même indispensable pour l’avenir des citoyens et celui du pays qu’ils votent, et selon leur conviction», a-t-elle préconisé.
Pour les évêques maliens, la perte du sens du bien commun qui met même à mal l’unité nationale, et l’incivisme qui compromet dangereusement le vivre ensemble sont les plus grands défis auxquels le pays. «Le Mali doit passer avant les intérêts individuels et particuliers (…) et tout malien doit se considérer comme un serviteur du pays», ont encore indiqué les évêques maliens, s’adressant à la fois aux électeurs et aux différents candidats. (cath.ch/ibc/pp)