Les paramilitaires ont tiré à l'arme de guerre sur l'église de la Divine Miséricorde de Managua (Photo:Arquidiocesis de Managua)
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Nicaragua: deux étudiants tués dans une église par les forces progouvernementales

Des troupes paramilitaires soutenues par le gouvernement du Nicaragua ont abattu deux étudiants, le 14 juillet 2018, dans une église catholique de Managua, la capitale. Environ 100 étudiants protestataires avaient trouvé refuge dans l’édifice, assiégé pendant 12 heures.

L’assaut est intervenu alors que les forces armées ont cherché à reprendre le campus de l’Université nationale autonome du Nicaragua, le 13 juillet, vers midi. Les étudiants occupaient le bâtiment depuis plus de deux mois dans le cadre de la vague de protestation demandant des réformes démocratiques et le départ du président Daniel Ortega.

12 heures de siège

D’abord retranchés dans l’université, ils se sont réfugiés dans l’église proche de la Divine Miséricorde. Pendant près de douze heures, les forces armées ont tiré sur le lieu de culte avec des armes de guerre pour déloger les manifestants. Les étudiants ont pu sortir le 14 juillet au matin, grâce à une médiation du clergé, notamment du cardinal Leopoldo Brenes. Selon le président de la Conférence épiscopale nicaraguayenne, deux étudiants ont trouvé la mort dans l’attaque. 14 autres seraient blessés.

Intervention de l’Eglise

Alors que l’attaque était en cours, l’archidiocèse de Managua a dénoncé l’opération sur son compte Facebook et exigé le retrait des paramilitaires du terrain de la paroisse, rapporte l’agence de presse catholique sud-américaine Aciprensa. Le cardinal Brenes a enjoint le gouvernement «seul responsable de ces actions» à «stopper ce massacre contre le peuple au sein d’une église». L’assaut se poursuivant, le cardinal s’est rendu sur les lieux accompagné du nonce apostolique, Mgr Waldemar Sommertag, et de représentants d’organisations internationales. Ayant réussi à entrer dans le périmètre de l’église, ils sont parvenus à faire venir des ambulances pour évacuer les blessés. Ils ont ensuite poursuivi la médiation avec le gouvernement pour faire sortir les étudiants.

Les photos diffusées par l’archidiocèse de Managua montrent les impacts de balles sur les murs et les fenêtres de l’église, qui témoignent de la violence de l’attaque. L’évêque auxiliaire de Managua, Mgr Silvio Baez, a déclaré sur Twitter que le gouvernement nicaraguayen avait «franchi la limite de l’inhumain et de l’immoral. La communauté internationale ne peut rester indifférente».

Escalade de violence

La tension augmente sans cesse depuis le début des protestations dans le pays, en avril 2018. Les forces pro-Ortega n’hésitent plus à cibler les édifices religieux ou à intimider les responsables de l’Eglise locale, qui fait son possible pour protéger les manifestants. Le 9 juillet, le cardinal Leopoldo Brenes, le nonce apostolique Mgr Sommertag, ainsi que plusieurs évêques les accompagnant, ont été malmenés par des partisans du président, à l’intérieur de la basilique San Sebastian de Diriamba, à une quarantaine de kilomètres au sud de Managua.

L’Eglise, qui tente de jouer un rôle de médiation dans la crise, a demandé la démission du président. La crise nicaraguayenne, qui a déjà fait plus de 260 morts, se cristallise autour de la présidence de Daniel Ortega, accusé de confisquer le pouvoir et de brider les libertés. (cath.ch/acip/ag/rz)

Les paramilitaires ont tiré à l'arme de guerre sur l'église de la Divine Miséricorde de Managua
15 juillet 2018 | 10:48
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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