Ramasser les déchets: le comportement étonnant des supporters japonais
L’image de supporters japonais en train de nettoyer les travées du stade à la fin d’un match de coupe du monde de football a surpris et interpellé le monde occidental. Le Père William Grimm, missionnaire à Tokyo, n’a lui pas été étonné. Il s’agit refus absolu du «meiwaku», ou le fait de déranger ou d’irriter autrui.
De nombreux spectateurs de la coupe du monde de football ont été témoins de cette civilité japonaise. Ils ont été surpris, amusés voire embarrassés, en voyant les supporters japonais nettoyer le stade après chaque match. Selon le Père William Grimm, il s’agit là d’un trait typique de la culture japonaise. Au Japon, le péché sans doute le plus réprouvé est le «meiwaku», le fait de déranger ou d’irriter autrui. Afin d’éviter le «meiwaku», chacun doit donc veiller à tout moment, aux besoins et au confort de son entourage, explique-t-il pour l’agence catholique ucanews.
Pauvreté et surpopulation
Pour le missionnaire, cette attitude a une double origine, la pauvreté et la surpopulation. Avant d’être la puissance industrielle et économique actuelle, le Japon a été pendant très longtemps un pays très pauvre doté de peu de ressources naturelles. C’est un archipel montagneux, où les terres arables sont limitées. Le pays est exposé aux tremblements de terre, aux typhons, aux tsunamis, aux volcans, à la famine.
La simplicité de l’architecture et de la vie japonaise, admirée à l’étranger, vient de la pauvreté. Des coutumes comme l’assaisonnement léger de la cuisine, la consommation de légumes et de poisson crus ou encore les bains publics, viennent sans doute davantage d’un manque de vivres et de bois de chauffage que de la gastronomie ou de l’esthétique.
La surpopulation est le deuxième élément. Depuis des siècles les gens s’amassent dans les villes. La vie misérable amenée par la pauvreté et la surpopulation auraient pu conduire à une culture égoïste de repli, analyse le Père William. D’autres civilisations ayant traversé les mêmes épreuves ont d’ailleurs eu tendance à rejeter les demandes sortant du cercle familial ou du clan, dans un objectif de survie.
Dans un monde pauvre et hyperurbanisé, les Japonais ont dû apprendre à vivre très nombreux dans un espace réduit. La solution du «meiwaku» offre alors une réponse au problème en maintenant l’harmonie et le respect dans la société. Afin d’éviter le «meiwaku», chacun doit être attentif au bien être de son entourage. Les déchets sont, bien sûr, un «meiwaku». C’est donc presque une seconde nature pour les supporters japonais que de nettoyer le stade après un match. (cath.ch/eda/ucanews/mp)