Brésil: la CPT se réjouit de la mise en liberté du Père Amaro
Après trois mois en prison, la justice brésilienne a décidé, le 29 juin 2018, la remise en liberté du Père José Amaro Lopes de Souza. Le curé d’Anapu, au cœur de l’Amazonie brésilienne, membre de la Commission pastorale de la terre (CPT), est notamment accusé d’invasions illégales de terres et d’extorsion de fonds.
Le Père Amaro est libre! Après la décision, le 28 juin dans la matinée, de Rogério Schietti Cruz, le ministre de la Cour suprême de justice (STJ) du Brésil, le curé d’Anapu a été libéré dans l’après-midi de la prison d’Altamira, pour le plus grand soulagement de ses proches et très nombreux soutiens.
Chantre des droits des plus démunis
Dans un communiqué rendu public dans la soirée, la Coordination nationale de la CPT, la prélature du Xingu, à laquelle est rattachée la paroisse d’Anapu et la Société du Para des droits humains, ont manifesté leur joie et leur soulagement suite à cette décision.
«Nous nous réjouissons de la libération du Père Amaro et nous espérons que la justice va commencer à être rétablie en ce qui concerne un religieux, véritable chantre de la lutte en défense des droits des plus démunis –dont le premier est d’une terre sur laquelle vivre-, des droits bafoués par les grands propriétaires terriens et les responsables politiques».
«Pas d’organisation criminelle»
Le Père Amaro a été libéré sous le principe de l’habeas corpus. En vertu de ce principe, toute personne arrêtée a le droit de savoir pourquoi elle l’est et de quoi elle est accusée. Ensuite, elle peut être libérée sous caution, puis amenée dans les jours qui suivent devant un juge. Rogério Schietti Cruz s’est basé sur le fait qu’il n’y avait pas, dans l’accusation, de traces d’autres personnes susceptibles d’avoir participé à une «organisation criminelle» et donc pas de risque de contact avec ces supposés membres de la dite organisation. «Il semble s’agir d’une opération déclenchée contre une seule personne», peut-on ainsi lire dans le jugement.
Dans le sillage de Sœur Dorothy Stang
Le ministre de la STJ souligne également dans son arrêt que les dénonciations présentées «font référence à des faits qui auraient eu lieu au cours de ces 13 dernières années, dont aucune, néanmoins, lors de dates récentes (…)». Rogério Schietti Cruz a également réfuté l’argument selon lequel le travail accompli par le Père Amaro au cours de ces dernières années constituait un acte délibéré destiné à nuire aux plaignants (n.d.l.r. les grands propriétaires terriens). Laissant entendre que le religieux se contentait de continuer le travail initié par Sœur Dorothy Stang, de la CPT, assassinée en 2005 sur ordre de grands propriétaires terriens de le région.
Une étonnante célérité
Dans son communiqué, la direction nationale de la CPT dénonce les «ruralistes» (n.d.l.r. propriétaires terriens de la région et élus politiques représentant leurs intérêts) en les accusant d’avoir orchestré le dépôt de plaintes contre le Père Amaro, «basées sur des argumentations fragiles, mais recueillies avec une étonnante célérité, tant par la police d’Anapu que par la justice locale et le Tribunal de justice de l’État du Para».
Des prélats soulagés
Dans un communiqué publié également le 29 juin, Mgr João Muniz Alves, évêque du Xingu, et Mgr Erwin Kräutler, évêque émérite, se sont déclarés «heureux de la décision du STJ et du fait que le Père Amaro puisse attendre en liberté la conclusion du procès dont il fait l’objet».
Le communiqué rappelle que, depuis son arrestation et son incarcération, le Père Amaro a toujours pu compter sur le soutien des évêques, sur leurs prières et leur solidarité. «Nous sommes également immensément reconnaissants à toutes celles et ceux qui se sont impliqués en faveur de notre curé. Nous continuons à demander à Dieu que le procès soit mené à terme et permette de démontrer, une fois pour toutes, que les crimes dont le Père Amaro est accusé sont dénués de tout fondement». (cath.ch/jcg/rz)