«Dieu est stupide», affirme le président philippin Duterte

Le président philippin Rodrigo Duterte a provoqué une vague d’indignation en affirmant, le 22 juin 2018, que Dieu était «stupide» et un «fils de p…». Mgr Arturo Bastes, évêque de Davao, a qualifié le chef d’Etat de «psychopathe» dont les «déclarations blasphématoires et les orientations dicatoriales» devaient prendre fin.

Lors d’un discours télévisé à Davao, au sud des Philippines, le président s’est moqué de l’histoire d’Adam et Eve dans la Genèse, rapporte la BBC. «Vous avez créé quelque chose de parfait et ensuite vous provoquez un événement qui défie et détruit la qualité de votre travail? (…) Qui est ce Dieu stupide? Ce fils de p… est vraiment stupide», a déclaré Rodrigo Duterte. Il a également critiqué le concept de péché originel. «Alors que vous n’êtes même pas encore né, vous portez en vous le péché originel? Quel genre de religion est-ce là? Je ne peux pas accepter ça». Le président a ajouté que la création d’Eve était «la plus grande erreur» de Dieu.

Violente réaction de l’évêque

Son porte-parole, Harry Roque, a défendu ces propos en soulignant qu’il s’agissait d’opinions personnelles. Il a également justifié la dureté du discours en rappelant les allégations du chef d’Etat selon lesquelles il a été abusé par un prêtre dans sa jeunesse.

Dans ce pays où 90% de la population est chrétienne, les critiques ont fusé sur les réseaux sociaux. L’évêque local, Mgr Bastes, a traité le président «d’aliéné». Il a appelé les fidèles à prier pour que «les déclarations blasphématoires et les orientations dictatoriales» du chef d’Etat prennent fin. «La tirade de Duterte contre Dieu et la Bible révèlent encore une fois qu’il est dérangé psychiquement, qu’il est un psychopathe, un esprit anormal qui n’aurait jamais dû être élu président de notre nation civilisée et chrétienne», a lancé le prélat philippin.

Au pouvoir depuis 2016, le président a toujours eu des relations orageuses avec l’Eglise catholique dans le pays. Il a derrière lui une longue liste de déclarations hostiles ou dégradantes envers des personnalités de l’Eglise. En retour, les autorités catholiques dans le pays l’ont à de nombreuses reprises critiqué, notamment pour sa «guerre contre la drogue» qui a déjà fait des milliers de morts dans le pays.

Volonté de dialogue?

Le président Duterte a cependant récemment fait part de son souhait de régler ses différends avec les évêques. Rodrigo Duterte a en effet annoncé, le 25 juin 2018, la création d’un comité afin d’améliorer la collaboration et la communication avec l’épiscopat, rapporte le média américain Catholic News Agency (CNA).Les prélats philippins demandent depuis longtemps l’établissement d’un dialogue avec la présidence. Mgr Romulo Valles, président de la Conférence épiscopale, a ainsi parlé d’un «développement très bienvenu».

D’autres évêques doutent cependant de la réelle bonne volonté du président. Pour Mgr Broderick Pabillo, évêque auxiliaire de Manille, cet appel au dialogue est «juste une nouvelle manière de diffuser ses critiques contre l’Eglise». (cath.ch/bbc/cna/rz)