Le président du Nicaragua Daniel Ortega (photo flickr Cancillería Ecuador (CC BY-SA 2.0)
International

Nicaragua: l'accord entre gouvernement et opposition fortement menacé

Après huit nouveaux morts le 16 juin 2018, à Managua, l’accord trouvé la veille entre le gouvernement du président Ortega et l’opposition nicaraguayenne semble fortement compromis. Ces événements portent à au moins 178 morts le bilan du mouvement de contestation antigouvernemental qui secoue le Nicaragua depuis deux mois.

Les deux parties ont suspendu leurs discussions samedi soir, en annonçant qu’elles les reprendraient lundi. Elles devront examiner la proposition de l’Eglise catholique – qui joue dans cette crise le rôle de médiateur – d’organiser des élections générales anticipées en mars 2019, soit deux ans avant le terme prévu. Les évêques proposent également une réforme constitutionnelle qui empêcherait le chef de l’Etat, Daniel Ortega, de briguer un nouveau mandat.

Le chef de l’Etat a répété sa volonté «d’écouter toutes les propositions entrant dans un cadre institutionnel et constitutionnel», mais n’a pas dit s’il consentirait à écourter son mandat qui court théoriquement jusqu’en janvier 2022.

Enquête sur les violences

Six des victimes tuées sont des membres d’une même famille dont le domicile a été incendié par un cocktail molotov. Les deux autres victimes ont été attaquées alors qu’elles dégageaient une barricade dressée sur une route, a indiqué la police dans un communiqué.

Ce drame a été condamné aussi bien par l’opposition que par le gouvernement, qui s’en sont rejeté mutuellement la responsabilité. Ils surviennent alors que les deux parties avaient trouvé le 14 juin un accord autorisant des observateurs des droits de l’homme à venir enquêter sur les violences. L’opposition avait accepté un plan visant à lever les blocages qui entravent les routes pour empêcher les forces anti-émeutes de passer. Ces barrages routiers perturbent la livraison de marchandises et minent le commerce. Ils ont contraint à un arrêt forcé des centaines de camions.

Les réunions du Dialogue national, au sein duquel l’Eglise locale est présente en qualité de médiatrice et de témoin, avaient été suspendues le 31 mai après la violente répression. Les évêques, se faisant porte-parole des sentiments de la majorité de la population, avaient présenté, le 7 juin, au Président Ortega leurs propositions visant à mettre un terme à cette situation dramatique qui paralyse actuellement le pays.  (cath.ch/ag/mp)

Le président du Nicaragua Daniel Ortega (photo flickr Cancillería Ecuador (CC BY-SA 2.0)
17 juin 2018 | 11:54
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 1  min.
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