Pour la religieuse Véronique Margron, les communautés nouvelles mais aussi les congrégations historiques peuvent être concernées | © Pierre Pistoletti
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Abus sexuels sur des religieuses, un dernier tabou?

La question des abus sexuels commis par des prêtres sur des religieuses a été évoquée à l’occasion de la réunion de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) sur «les abus sexuels et la pédophilie», le 11 juin 2018. Un nouveau tabou est-il en train de tomber?

Si l’ampleur du phénomène reste difficile à déterminer, divers témoignages d’abus existent, admet Sœur Véronique Margron. Répondant aux questions du quotidien catholique La Croix, la présidente de la Corref reconnaît des situations de vulnérabilité et souligne des points d’attention pour les congrégations. «J’ai rencontré, à l’occasion, des religieuses – ou anciennes religieuses – qui avaient été victimes d’abus de la part d’un prêtre, le plus souvent lorsqu’elles étaient novices ou jeunes sœurs». Le sujet reste un peu en marge des discussions sur la pédophilie, au sens où ces abus sont commis sur des personnes majeures mais placées dans une situation de vulnérabilité.

Quand une jeune femme entre dans une congrégation religieuse avec un profond désir de donner sa vie, elle peut se trouver face à des personnalités perverses ou manipulatrices. «Si les jeunes sœurs apprennent que le prêtre, c’est «l’homme de Dieu» avec un grand D mais aussi un grand H, il leur sera plus difficile de laisser s’allumer leur lanterne rouge.»

Les communautés portent une responsabilité

Pour Sœur Véronique, les communautés nouvelles mais aussi les congrégations historiques peuvent être concernées. «Il y a toujours une pluralité de facteurs, et c’est la raison pour laquelle il serait moralement scandaleux de dire que les congrégations ne portent pas une responsabilité éthique dans ces drames, qui ne résultent pas seulement de la perversion ou de la dérive d’untel.»

Au titre de la prévention, la présidente de la Corref insiste sur l’attention indispensable à porter à la période de la formation, du noviciat notamment. Elle suggère aussi de travailler sur le rapport à l’autorité dans le respect des diverses traditions spirituelles. Il faut se demander si ce rapport à l’autorité peut participer d’une baisse de vigilance pouvant conduire une sœur – ou un frère – à se trouver plus vulnérable vis-à-vis d’un prédateur.

«Tous ces abus nous sont devenus insupportables et génèrent une colère à la hauteur de la trahison qu’ils manifestent. Car ces abus commis par des membres de l’Église le sont au nom d’un Évangile de liberté et d’un Dieu qui meurt pour les plus vulnérables : c’est bien cela qui est insupportable», conclut Sœur Véronique.

Si elle est restée le plus souvent taboue, la question des abus sexuels commis par des prêtres sur des religieuses n’est pas nouvelle. En 2001, la publication d’un rapport d’enquête sur le phénomène, citant des cas dans 23 pays des divers continents, avait fait grand bruit. (cath.ch/cx/mp)

Pour la religieuse Véronique Margron, les communautés nouvelles mais aussi les congrégations historiques peuvent être concernées | © Pierre Pistoletti
14 juin 2018 | 13:14
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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